1ier-juillet -Tous-les-matins-du-monde

Réalisé par Alain Corneau   1991

 Drame , Historique
d'après le roman de Pascal Quignard
Durée : 01h54

César du Meilleur film français

Avec Jean-Pierre Marielle (Sainte Colombe), Gérard Depardieu (Marin Marais âgé), Guillaume Depardieu (Marin Marais jeune), Anne Brochet (Madeleine), Caroline Sihol (Mme de Sainte Colombe), Carole Richert (Toinette), Michel Bouquet (Baugin), Yves Gasc (Caignet) 

Synopsis : L'histoire de M. de Sainte Colombe, homme farouche et sombre, grand maitre de la viole de gambe et professeur de Marin Marais, prestigieux musicien de Louis XIV.

7 prix remportés :
- César des Meilleurs costumes (Corinne Jorry)
- César du Meilleur son (Pierre Verany, Pierre Gamet, Gérard Lamps, Anne Lecampion)
- César de la Meilleure photographie (Yves Angelo)
- César de la Meilleure musique écrite pour un film (Jordi Savall)
- César du Meilleur réalisateur (Alain Corneau)
- César du Meilleur film français de l'année (Alain Corneau)
- César de la Meilleure actrice dans un second rôle (Anne Brochet)



Scénario : Pascal Quignard et Alain Corneau, d’après le roman de Pascal Quignard
Photographie : Yves Angelo
Décors : Bernard Vezat
Costumes : Corinne Jorry
Montage : Marie-Josèphe Yoyotte
Musique : Marin Marais (Improvisation sur les folies d’Espagne, L’Arabesque, Le Badinage, La Rêveuse, La Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris) ; Sainte Colombe (Les Pleurs, Gavone du Tendre, Le Retour) ; Jean-Baptiste Lully (Marche pour la cérémonie des Turcs) ; François Couperin (Leçons de ténèbres : Troisième leçon) ; Jordi Savall (Prélude pour Monsieur Vauquelin, Une jeune fillette, Fantaisie en mi mineur), musique dirigée et interprétée par Jordi Savall



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Notre débat : 


 Surprenante intensité et profondeur du débat  ce vendredi . Marin Marais au restaurant social, un défi. Surtout dans une esthétique quasi orientale et étonnante de Alain Corneau ( une place laisser au vide, au cadre fixe, à la lenteur) qui se démarque de ses autres films. Surprenant, la façon dont chacun et chacune l'a alimenté avec un regard complémentaire et chaque fois juste.Venant confirmer les intentions du réalisateur, du directeur de la photo, et l'implication des acteurs dans ce qu'ils en ont livré par la suite.

 Anne-Marie
La musique, l'amour aussi....
peut-on résister, comment résister à la perte de l'être aimé--par la mort ou le délaissement.....à la perte de l'enfant qui n'a pas encore vécu...se pendre ou s'immerger dans la musique au plus sensible de soi...
la musique, les dialogues, la splendeur des images et l'intensité des comédiens...quel film !!!

Alain 
J'étais encore trop dans la tonalité de  "La rose pourpre du Caire" de Woody Allen  vu la veille pour rentrer dans le film. C'est complètement opposé. Woody Allen aurait pris le parti de Marin Marais, aurait poussé sa vanité jusqu'au paroxysme, en aurait fait la véritable figure tragique du film.  Voilà pourquoi Gérard Depardieu en folle à perruque décatie mise en scène par Corneau m'a fait rire. Je n'ai pris la critique de la mondanité au sérieux.

 Il manque de l'épaisseur dans la construction du personnage de Marin Marais et par conséquent dans la dialectique qui oppose et rassemble les deux personnages du maitre et de l'élève. Le film tourne plus sur le personnage de Boiscolombe, qui aspire tout autour de lui comme un trou noir. Très bonne interprétation de Jean-Pierre Marielle que Corneau révèle. 

Je préfèrerai que le sombre ressorte de la lumière plutôt que  la lumière du sombre. Il y a comme une pause dans la peinture du sombre de la douleur (un apitoiement, une complaisance ?) dans ce film - que ce soit l'ombre le noir, au niveau plastique ou existentiel. L'évocation de la revenante, son attachement à elle n'est pas suffisant. Je n'y adhère pas. Même si j'en reconnais la mélancolie.


Georges  :
La musique transforme la douleur en souffrance. On la cultive dans cette proximité où tout écart est condamnable sous les registres de l' hérésie, de la la vanité, de la mondanité. Tout écart c'est à dire toute distraction. (Qu'on pense à Pascal). Étrange paradoxe que cette spatialisation serrée, de ce jeu sans jeu où tout est rigueur et nécessité. Art supérieur à l'art qui ne souffre d'aucune inscription ou répétition autre que l'immanence pure de sa donation. Mystique où Dieu est la présence de l'absente. La musique soigne, s'établissant en crypte sous l'allégorie du beau pavillon de bois de sa grande solitude. Hommage depuis un temps cristallisé, à l'espace, qui ne souffre d'aucunes variations e ne cesse de se reconduire. Souffrance chère et précieuse. Longs sanglots de la viole. L'ombre lumineuse de l'errante nous hante. On ne sait d'elle, que son attachement qui fait  bloc. Dans son retrait extrême, à cause de lui, cet attachement ne cesse de se répandre depuis le pavillon à la maison, de la maison à Versailles, et du 17ième jusqu'à nous.

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