Les
neiges du Kilimandjaro (1h 47min)
Réalisé
par Robert Guédiguian2011
Avec
Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan plus
Genre
Drame , Romance
résumé
:
Bien
qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là
s’aiment depuis trente ans. Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent.
Ils ont des amis très proches. Ils sont fiers de leurs combats syndicaux et
politiques. Leurs consciences sont aussi transparentes que leurs regards.
Ce
bonheur va voler en éclats avec leur porte-fenêtre devant deux jeunes hommes
armés et masqués qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs
alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit… Leur désarroi sera
d’autant plus violent lorsque ils apprennent que cette brutale agression a été
organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel.
Le meilleur de Guédiguian
Discussion après la séance :
Au contraire "Les neiges du Kilimandjaro" est un mélodrame qui restera dans l'histoire du cinéma. La communauté, l'amitié, le couple sont les valeurs refuges battues en brèche dans ce film formidable. La solidarité est questionnée de façon profonde.
Alain :
La communauté, l'amitié, le couple sont les valeurs refuges du film. Elles sont battues en brèche. Quoiqu'atteintes elles reprennent du poil de la bête, se fortifient au fur et à mesure.
Discussion après la séance :
Lucie
Merci Alain pour ton accueil chaleureux et d'avoir m'avoir
permis de visionner ce très bon film que je ne connaissais pas
Elise :
Merci Alain, C''est un film magnifique, à voir : les acteurs
sont doués : ils incarnent des personnages faisant partie d'une classe sociale
que je connais très bien : c'est bien joué, bien retransmis : le délégué
syndical qui fait de son mieux mais doute des choix décidés pour le collectif,
parce qu'au fond rien n'est simple... Et elle, sa femme, qui vit son boulot
comme une mission, un engagement et reste disponible (même après l'heure) pour
les personnes chez qui elle intervient. Tous les deux, ils représentent
l'humain dans ce qu'il a de plus noble : l'attention, l'écoute, la
compréhension, le pardon aussi...et j'en oublie surement...
Et puis cette claque qu'ils se prennent et la question qui
se pose : répliquer ou tendre l'autre joue. Un sacré cas de
conscience...
Oui, vraiment j'ai aimé cette histoire, elle est
belle... Elle bouscule, fait
réfléchir...
Mais elle est angoissante aussi, car c'est un idéal qu'en
même... ce n'est pas donné à tous les couples de survivre à une épreuve... En
fait, ça fonctionne que si les deux restent debout et se battent, sinon ça peut
tout détruire... Oh, désolée, un coup de blues tout à coup... Juste un grand merci aussi
au resto social, pour son accueil
Martine :
Elise, et Alain, je m'invite au commentaire d'Elise qui me
renvoie à mon impression de ce film, dès + désinvolte ; je l'ai vu au moment de
sa sortie, il m'avait barbée.Alain : Au contraire "Les neiges du Kilimandjaro" est un mélodrame qui restera dans l'histoire du cinéma. La communauté, l'amitié, le couple sont les valeurs refuges battues en brèche dans ce film formidable. La solidarité est questionnée de façon profonde.
Alain :
La communauté, l'amitié, le couple sont les valeurs refuges du film. Elles sont battues en brèche. Quoiqu'atteintes elles reprennent du poil de la bête, se fortifient au fur et à mesure.
L’adversité c'est d'abord le contexte économique à travers le licenciement à la fois de Michel le syndicaliste et de Christophe son braqueur. C'est aussi bien la passion de Michel (Daroussin) qui se lâche en frappant son braqueur attaché, comme lui l'avait fait. L’adversité c'est la trahison de ce jeune ouvrier licencié ; celle de Raoul l'ami d'enfance qui lui avait volé (petit larcin) sa bd de Spiderman et qui épouse les thèses xénophobes du FN. C'est aussi l'individualisme et l’égoïsme de Gilles et Flo les enfants de Michel et Marie-Claire : on voit que les valeurs humanistes de leurs parents ne leur sont pas passées, sont là aussi en perdition.
Ce qui a touché Robert Guédiguian c'est plus que le thème de la bonté chez Hugo, c'est la façon dont elle se distribue dans le couple. Elle ne passe pas tout à fait par le couple! mais par Marie-Claire et par Michel séparément - tout comme dans le poème de Hugo "les pauvres gens" qui a servi de motif, de point d'origine au film/
C'est comme si le couple se rencontrait une nouvelle fois par leur acte (d'amour ou de bonté) séparé. N'existant pas en dehors de ce qu'ils sont chacun, de leur acte, et on pourrait dire leur foi - c'est ce qu'ils sont qui leur permet de se retrouver. Et non pas le fait qu'ils se retrouvent qui fait ce qu'ils sont. Le couple devient vivant et la communauté, le réseau, les liens (famille et amis) peuvent se recomposer autour d'eux.
Voilà pourquoi je vois au contraire ce film de façon lumineuse. C'est une œuvre de la maturité. Dit autrement : le couple commence réellement à exister dans l'épreuve de chacun. Cette épreuve si elle est partagée au départ, n'est pas exactement commune, on le voit, Robert Guédiguian l'exprime, c'est à chacun de la prendre en charge à sa façon. C'est parce qu'il y a l'épreuve de chacun, que chacun peut comprendre et retrouver l'autre. C'est toute la scène du bar où Marie-Claire (Ariane Ascaride) reprend des forces grâce aux boissons chamaniques du serveur, soigneur, thérapeute, thaumaturge - un bel homme, un bel ange. Là elle n'est plus avec son compagnon. Mais se découvre, pouvant vivre et s'épanouir sans lui - et sans sa famille, sans les autres. Elle l'explique à sa fille. Qu'elle peut maintenant venir boire seule dans ce bar et apprécier la poésie de ce lieu, de cet instant : le lieu où elle se ressource et se retrouve, le plus précieux est là. Et cela ne vient pas contredire le reste au contraire, cela nourrit le reste des relations.
En conclusion le message du film semble être que la nouvelle solidarité (la nouvelle communauté, la nouvelle société, le nouveau monde), passe d'abord par le geste singulier et l'espérance singulière de chacun ; que l'idéologie collective ou communautaire - on bien encore son appartenance d'origine - ne suffit plus à fonder. Un changement radical et un beau geste de Guédiguian et Milési. Qui me ravit par sa profondeur et sa simplicité. Du grand cinéma. 20/20.
les pauvres gens (fin du poème) :
"Quand il verra qu’il faut nourrir avec les nôtres
Cette petite fille et ce petit garçon,
Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.
Moi, je boirai de l’eau, je ferai double tâche,
C’est dit. Va les chercher. Mais qu’as-tu ? Ça te fâche ?
D’ordinaire, tu cours plus vite que cela.
- Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà ! »
(c'est à dire qu'elle avait déjà pris la décision et fait l'acte de les amener chez elle).
Ce qui a touché Robert Guédiguian c'est plus que le thème de la bonté chez Hugo, c'est la façon dont elle se distribue dans le couple. Elle ne passe pas tout à fait par le couple! mais par Marie-Claire et par Michel séparément - tout comme dans le poème de Hugo "les pauvres gens" qui a servi de motif, de point d'origine au film/
C'est comme si le couple se rencontrait une nouvelle fois par leur acte (d'amour ou de bonté) séparé. N'existant pas en dehors de ce qu'ils sont chacun, de leur acte, et on pourrait dire leur foi - c'est ce qu'ils sont qui leur permet de se retrouver. Et non pas le fait qu'ils se retrouvent qui fait ce qu'ils sont. Le couple devient vivant et la communauté, le réseau, les liens (famille et amis) peuvent se recomposer autour d'eux.
Voilà pourquoi je vois au contraire ce film de façon lumineuse. C'est une œuvre de la maturité. Dit autrement : le couple commence réellement à exister dans l'épreuve de chacun. Cette épreuve si elle est partagée au départ, n'est pas exactement commune, on le voit, Robert Guédiguian l'exprime, c'est à chacun de la prendre en charge à sa façon. C'est parce qu'il y a l'épreuve de chacun, que chacun peut comprendre et retrouver l'autre. C'est toute la scène du bar où Marie-Claire (Ariane Ascaride) reprend des forces grâce aux boissons chamaniques du serveur, soigneur, thérapeute, thaumaturge - un bel homme, un bel ange. Là elle n'est plus avec son compagnon. Mais se découvre, pouvant vivre et s'épanouir sans lui - et sans sa famille, sans les autres. Elle l'explique à sa fille. Qu'elle peut maintenant venir boire seule dans ce bar et apprécier la poésie de ce lieu, de cet instant : le lieu où elle se ressource et se retrouve, le plus précieux est là. Et cela ne vient pas contredire le reste au contraire, cela nourrit le reste des relations.
En conclusion le message du film semble être que la nouvelle solidarité (la nouvelle communauté, la nouvelle société, le nouveau monde), passe d'abord par le geste singulier et l'espérance singulière de chacun ; que l'idéologie collective ou communautaire - on bien encore son appartenance d'origine - ne suffit plus à fonder. Un changement radical et un beau geste de Guédiguian et Milési. Qui me ravit par sa profondeur et sa simplicité. Du grand cinéma. 20/20.
les pauvres gens (fin du poème) :
"Quand il verra qu’il faut nourrir avec les nôtres
Cette petite fille et ce petit garçon,
Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.
Moi, je boirai de l’eau, je ferai double tâche,
C’est dit. Va les chercher. Mais qu’as-tu ? Ça te fâche ?
D’ordinaire, tu cours plus vite que cela.
- Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà ! »
(c'est à dire qu'elle avait déjà pris la décision et fait l'acte de les amener chez elle).
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