le vendredi 27 février le Mississippi coule au restau





MUD SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI 
de Jeff Nichols

Avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland

Durée : 2h11 
Version : VO



Résumé :
Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississipi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. 

COMMENTAIRES APRES LA SÉANCE au KATORZA

Lucette
très bon film.

Marianne
Touchante histoire de 2 enfants à l'interprétation très naturelle me faisant penser à Tom Sawyer et Huckleberry face à l'apprentissage de la vie. Merci Alain pour cette découverte. 

Patricia
Contente d'avoir vu ce beau film ... et de vous avoir vu aussi . 

Alain
En dehors du fait de me laisser porter par le récit, les mouvements des barques, j'aime bien les mouvements de boucles du film qui forment des thèmes : l'embouchure que les ados approchent et qu'on revoit à la fin par exemple. La barque aussi est un beau motif, avec ou sans moteur. J'aime bien cette expression à un moment quand Mud dit : "tout à coup tout était à sa place" (au moment où il raconte au jeune Elis, sa rencontre avec Juniper). Et là tout est à la fois à sa place et décalé. Que cette romance finisse par son envers est aussi un décalage total  et inattendu: une séparation simple par un petit signe de la main. (L'image de Mud est sublimée vue par Juniper).  Comme si le récit d'amour et de reconnaissance était subsumé par le paysage. Pour la morale : quoique nous ayons à trouver notre place dans l'univers nous y sommes toujours décalé. Et ce décalage est un amour plus fort que la passion (quand nous ne le subissons pas mais l'affirmons).
En mai danse sous la pluie !! :) Hier coup de bol on était encore au mois d'avril devant et derrière le cinéma. J'aime ces discussions inconfortables à ciel ouvert - qui prolonge celui du film.

Elise
Une ambiance très agitée, tout au long du film de par l'histoire des personnages mais aussi du fait de ce décor : ce fleuve tout en remous... J'ai eu aussi cette impression d'un temps toujours gris, incertain, avec du vent aussi par moment.
Je n'ai pas trouvé de moments lumineux, une clarté qui permette de reprendre son souffle pour respirer un peu... Que d'émotions ! Très angoissant en fait pour moi... Mais c'était très beau.
Je reviens au fleuve : il nous a été montré comme nourricier mais aussi comme meurtrier : lorsque l'oncle dit "on trouve de tout dans le fleuve" : ça a conforté chez moi l'idée de la beauté du fleuve, associé à sa dangerosité. En même temps, ce fleuve, il avait un rôle de protection, vis à vis de Mud, et d'évasion, pour les enfants. Bref, c'est une histoire belle et marquante.  Merci Michèle et Alain pour votre investissement sur cette sortie et pour ce judicieux choix de film.... Bravo...

Hélène
J'ai bien aimé qu'une possibilité de rédemption soit donnée au "méchant zéro" qui, en sauvant Ellis -tout comme il a lui même été sauvé des ...mocassins d'eau - redevient la figure légendaire dont le garçon a besoin pour se construire et retrouve, par la même occasion, le statut de fils aux yeux de "l'assassin" (Tom)- en l'occurrence , celui qui le sauve également :la boucle est bouclée... 
Que Mud réussisse à survivre au feu nourri des balles vengeresses -j'étais bien planquée derrière mon fauteuil  - est hautement improbable mais ...on s'en fout : ce qui compte c'est que l'enfant puisse continuer à espérer une vie rêvée pour son héros retrouvé.  
Du cinoche comme çà, j'en redemande! 

Martine
Film magnifique, le dire et se le redire. Contrairement à Take Shelter, c'est un film d' ESPOIR.
Une interprétation magistrale, des 2 ados et de MUD dont l'âme est aussi claire que son nom est boueux (quel bel acteur !!) sur fond de Mississippi... Mark Twain est omniprésent en filigrane.
MUD de mauvais garçon, va initier les ados, les faire passer vers leur maturité, à travers mille et un voyages initiatiques d'une rive à l'autre de l'île vers les berges de la liberté, en bravant tous les dangers - ceux de la Nature et des hommes.
Sensible à la symbolique omniprésente. J'ai juste envie de citer la chemise blanche où est cousu un oeil de loup, qui protège MUD des morsures de, serpents, entre autre.
Image christique, quand il emporte Ellis dans ses bras protecteurs, mordu par les bestioles. Comment ne pas penser à une Pieta, à sa manière de tenir Ellis dans ses bras en fonçant hors de la barque pour l'emmener à l'hôpital.
A son tour, Mud sera sauvé par son Père, des truands qui veulent sa tête (leur chef ressemble étrangement à Marlon Brandon ?). J'ai aimé, la force des regards intérieurs entre Juniper et Mud, la force de leur inconscient, on sait qu'ils sont enfin dans leur Vérité. Magnifiques prises de vues de la nature -omniprésente également - des photographies de ciel, magistrales. Mais zut !!! on n'est plus sur le trottoir à discuter. Et il pleut  Un temps à retourner voir MUD.

Alain
Effectivement on peut retrouver des motifs bibliques, La pieta, le serpent aussi. On avait ça dans "True Gritt" quand le Marshall Cogburn transporte à cheval Mattie la jeune fille mordue par le serpent. Celui-ci représente la mort dans le film qui est maîtrisée, en symétrie de la passion pour Juniper qui amène au meurtre. (L'image de cette passion c'est celle du patriarche qui veut venger son fils). Il y a une force de vie dans le film. Si christique c'est agir par amour, sans équivalence ni récompense avec un risque  élevé okay. Mais c'est un risque de vie, celle de Ellis. Le réalisateur ne sacrifie pas Mud - il nous fait le craindre jusqu'à la fin du film en de multiples circonstances. D'où une question profonde de la relation de l'amour et du sacrifice. Le fait que Mud revienne voir le garçon dans sa chambre est de cette nature. Mud a pris des risques énormes, cette fois pour reconnaître ce qui les lie et qui dépasse la simple poignée de mains dans lesquelles on a craché pour obtenir une revolver, encore que ce n'est pas anodin. C'est une autre virilité qui dépasse le contrat pour obtenir l'objet de mort qui s"échange - le revolver que Mud consent à abandonner en se gardant bien de donner les balles (répartie sublime!).

L'enfant construit l'adulte dans le film aussi bien que l'adulte construit l'enfant, l'initiation est partagée. Comme dans "Moonrise Kingdom" l'enfant devient réparateur du contexte - ici par l'intermédiaire de Mud. L'histoire d'amour pour Juniper tend progressivement celle de l'enfant et de l'adulte. L'amour n'est pas par nature, il se produit par surcroît. L'amour n'est pas le sacrifice pas plus qu'il n'est la passion. La force de vie du film enchante. Le merveilleux et la nature en tant que cosmos font bon ménage. Michèle a raison sur ce plan de faire référence à "La nuit du chasseur". Mais c'était déjà la référence des frères Coen dans True Gritt. Mais on peut aussi penser au film de Jean Renoir "Le fleuve" où l'enfant est aussi mordu par le serpent.

Françoise
Quel beau voyage sur ce Mississippi tourmenté  , quelle jolie nature avec le soleil derrière les feuillages des arbres, comme elle est belle cette rencontre entre cet homme louche qui devient de plus en plus sympathique au fur et à mesure des traversées du fleuve et ces deux jeunes adolescents qui ont le courage de braver les interdits nombreux pour lui venir en aide, comme ils sont beaux les sentiments et les émotions qui les unissent, tous, quelque soit leur motivation même si c'est au départ c'est pour avoir un flingue... , comme il est magnifique ce courage de foncer vers l'hôpital avec Ellis dans les bras sans se poser de questions, quant aux vraies retrouvailles de Tom et de Mud, à la fin du film, j'en reste sans voix. Et s'il n'y avait que ça...mais n'en disons pas  trop pour vous donner envie d'aller le voir.

Sylvie
quelle virtuosité ce Nichols , beauté des images, ambiance 'boueusement' électrique, tout y est sur les questions de l'adolescence et ses désillusions " pas facile de grandir" , même pour le grand gaillard de Mud (quel séduisant acteur ce Mattew Mc Conaughey ! )... comment que je me laisserais piquer par un agkistrodon contortrix... pour qu'il m'embarque !!!!

Michèle
D'accord avec Martine pour la référence aux aventures de "Tom Sawyer" et celles de "Huckleberry Finn" mais j'ai pensé aussi à " La nuit du chasseur" et également à " Un monde parfait" de Eastwood.
J'ai retrouvé mon âme d'enfant, mes plaisirs de lecture et de spectatrice de cinéma de cette époque, quand j'admirais un héros, que je me laissais aller à la crédulité avec délectation. Tout est " pour de faux" mais tout résonne comme "réel".
La sensation de liberté quand j'étais enfant, dans la campagne picarde. Des heures sans la surveillance adulte, tout était découverte. Des traces de pas, des empreintes d'animaux, un bruit, un chiffon dans une branche et l'imaginaire s'emballait.... Une femme ou un homme vus au loin qui pouvait être sorcière ou magicien... Frissons ou rires garantis avec des riens.
Et l'an dernier, une promenade près de Notre dame des Landes avec des amis. La découverte d'une cabane : un lit, un livre, une bougie. Nous avons éprouvé ces mêmes sensations de curiosité fébrile, cette mystérieuse cabane a alimenté notre conversation ; nous étions des gamins émerveillés et effrayés : et si l'habitant de la cabane arrivait ? Comment réagirait-il à nous voir dans son " chez-lui" ? Qui était-il ? Pourquoi vivait-il dans cette forêt ?
Si ces souvenirs me reviennent, c'est que dans le film l'étrange est omniprésent, il sert de révélateur, il accompagne le parcours initiatique. Il y a la bienveillance aussi, la nature n'est pas hostile malgré ses pièges, elle entoure, elle protège, elle caresse. Jeff Nichols magnifie la nature, le ciel...Il nous relie au cosmos.
Le chaos, la difficulté d'aimer et de vivre sont présents mais non paralysants; au contraire. J'ai en mémoire la confiance des adultes envers les enfants et réciproquement, même dans les moments de doute. Cette confiance est indestructible, c'est apaisant ; c'est l'amour profond ; sans enjeu. Mud finit par le comprendre et cela le rend plus beau, comme auréolé. Aimer Juniper, c'est accepter de la laisser vivre sans lui et décider de prendre de la distance. Partir, ce n'est pas l'abandonner. Le parcours initiatique est donc celui de Mud, tout autant que celui de Ellis et Neck. Mais c'est aussi celui de Juniper et des parents de Ellis.
Bon, j'arrête de délirer

    

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