Massaër Dieng et
Olivier Picavez
2005
durée 1h15....
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La séance :
Les réalisateurs sont venus présenter leur film avec Makiz'art Nantes association de production audiovisuelle par laquelle ils ont pu produire et réaliser leur film.
Après la projection nous avons entamé un débat.
André a souligné l'importance de voir qu'un projet de cette ampleur a pu être mené à son terme. En effet faire un film coûte très cher et prend des années. Ce qui peut être stimulant. En effet il y a de la ressource au restaurant, beaucoup de créatifs pour des actions à mener au niveau personnel et peut-être pour des aventures collectives. Mais il s'agit aussi bien des projets de chacun très au ras des pâquerettes, pour s'aventurer dans la vie. De voir que cela peut marcher.
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Nous avons abordés des aspects plastiques du film (la lumière, la couleur, le cadrage). Mais aussi les étapes du projet au travers des trois écritures du film : le scénario, la réalisation, le montage.
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Après avoir fait des films de commandes, les deux réalisateurs ont décidé d'écrire ce film. Il s'agit d'un film réalisé en vidéo numérique. Pas de copie 35 mm pour les salles. Il a été projeté dans plusieurs festivals en France et en Afrique et remporté un prix.
Le projet a pu se monter grace à l'implication gratuite des participants. Mais aussi le financements des frais qui s'est fait enre autre par une soirée de soutien, une campagne de souscription, grâce aussi au jumelage des villes de Rufisque - où est tourné le film au Sénégal, et de Nantes. Grâce au prêt de matériel...
Les deux réalisateurs sont maintenant sur un projet "plus professionnel", c'est à dire impliquant sans doute une sortie nationale en salle de leur film. Ce sera une comédie.
Massaër Dieng est retourné à Rufisque au Sénégal qui est sa ville d'origine. Il y mène des projets de réalisation et de sensibilisation au cinéma.
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L'association Makiz'art a été crée à l'occasion de ce film. (voir l'article de Laure Chahboub ci-dessous). Elle est maintenant devenue incontournable à Nantes, dans le paysage de la création et de l'animation audiovisuelle de la Région. Donc double succés.
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Notre avis (très personnel):
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Certes le récit emprunte son style à différents genres : documentaire, thriller et aussi l'itinéraire initiatique comme dans le conte. Par moment il y a même un traitement comique ou picaresque (la peinture de la bande de copains et de petits délinquants, que l'on trouve par exemple dans certains films de Pasolini ou de Bunuel). Mais Bul déconné! se situe plutôt, il me semble, entre le drame (la dynamique qui amène la mort de Max) et la tragédie, le fait que Sogui le personnage principal progressivement, dans son mouvement de rébellion, est pris dans sa mécanique "boule de neige" (l'équivalent du destin dans la tragédie). Que seule justement, la mort de son ami Max stoppe. Ce qui l'amène à chercher une issue extérieure.
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Le récit filmique est composé de trois parties et de trois rythmes narratifs. Le trajet du personnage est initiatique, le personnage de l'oncle près de la mer le confirme qui distille une sagesse. Mais ce sont aussi des figures allégoriques, comme celle des béliers qui se combattent et qui expriment les heurts de Sogui avec son entourage de société, de famille et même le groupe, la bande de jeunes ; Ou bien celle du personnage de Samba qui filme en super 8. Il paraît prendre la place du choeur de la tragédie antique, celle d'être le témoin actif et le narrateur des événements. D'être aussi bien le lien qui amène l'intrigue à sa résolution, c'est à dire au final Sogui à l'oncle au bord de la mer. Le film s'écarte de ce fait fort heureusement d'un traitement naturaliste.
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Et ces ruptures de tons et de rythmes sont intéressantes, même si l'argument demande à être épaissi ; même si nous aimerions rentrer plus peut-être dans ce qui oppose le personnage principal aux autres personnages ou au reste du monde, dans la mécanique (d'auto) destruction, et l'enchaînement des circonstances. En accentuant justement les traits et les situations liées aux personnages secondaires. Les méchants par exemple. Tout est là déjà, comme une pâte prête à lever.
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Mais on se laisse prendre à cette histoire. En raison du fait que les personnages secondaires y sont aussi traités, dans des changements de point de vue narratifs : on quitte Sogui par moment pour s'attacher à Samba à Max, à Ami, la soeur de Max etc. - La construction des autres personnages permet dans la deuxième partie, justement d'épaissir l'intrigue et la dynamique du conflit.
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Nous avons apprécié par exemple le personnage de Max. Sa complexité. Sa gentillesse pour son ami Sogui, comme son agressivité, le fait qu'il jette une pierre à un animal par exemple qui en donne toute l'ambiguité ? Les personnages féminins semblent un peu des ébauches et l'intrigue amoureuse nous a paru presque un prétexte. En revanche la mère est bien vue : sa colère contre son fils dans la cour particulièrement efficace.
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L'image du cadre de bois presque "chamanique" qui encadre un bélier, par lequel l'oncle délivre Sogui de son aliénation, est très belle. On peut sans problème y voir une mise en abîme du cinéma par lui-même. Puisse t il le cinéma des deux réalisateurs continuer de la sorte à exercer ses sortilèges, sa magie, peut-être à nous soigner. Surtout à nous renvoyer des situations dramatiques ou tragique, dans lesquelles nous pouvons nous projeter et contribuer à y mettre de la distance. Bul Déconné! joue finement sur le registre émotionnel. Par exemple on ne balance pas la confiture musicale habituelle pour faire lever mécaniquement l'émotion du spectateur de façon facile.
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Messieurs, votre film nous a agréablement surpris. Nous sommes bluffés par la motivation et l'énergie déployée et par votre créativité.
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"Tu parles, tu parles et c'est tout ce que tu sais faire" souffle un antique perroquet que nous avons bien envie de faire taire.
"Tu parles, tu parles et c'est tout ce que tu sais faire" souffle un antique perroquet que nous avons bien envie de faire taire.
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Alain ARNAUD
l'argument
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Bul Déconné ! investit l’Afrique contemporaine pour exposer la trajectoire d’un jeune Sénégalais, Sogui. Lors de sa présentation au concours de l’Ecole Supérieure de l’Administration, Sogui se heurte avec fracas aux visions du monde de ses examinateurs. Fortement affecté, il ressort combatif et fougueux de cette expérience particulière et franchit ainsi la frontière perméable de l’illégalité, où il rejoint son ami Max et le milieu de la pègre. Mais il retrouve également Samba, son ami d’enfance qui mène la vie simple et fragile d’un vendeur ambulant...
Bul Déconné ! investit l’Afrique contemporaine pour exposer la trajectoire d’un jeune Sénégalais, Sogui. Lors de sa présentation au concours de l’Ecole Supérieure de l’Administration, Sogui se heurte avec fracas aux visions du monde de ses examinateurs. Fortement affecté, il ressort combatif et fougueux de cette expérience particulière et franchit ainsi la frontière perméable de l’illégalité, où il rejoint son ami Max et le milieu de la pègre. Mais il retrouve également Samba, son ami d’enfance qui mène la vie simple et fragile d’un vendeur ambulant...
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Info Premier plan d'Angers :
(Laure Chahboub)
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Marc Picavez, passionné par l’écriture et la réalisation cinématographique, fonde l’association de productions et de réalisations audiovisuelles MAKIZ’ART en 2000. Il y met en forme de premiers projets documentaires ainsi que des projets d’art vidéo. C’est dans ce cadre qu’il fait la rencontre en 2002 de Massaër Dieng, un jeune sénégalais venu en France deux ans plus tôt pour y suivre ses études.Massaër souhaite réaliser un film sur sa ville d’origine, Rufisque. Un film de fiction, un court-métrage tourné au Sénégal. Marc quant à lui dispose d’expériences dans l’écriture scénaristique. Leur collaboration donnera naissance à Bul Déconné ! un court devenu long métrage.A travers le personnage de Sogui, les réalisateurs nous parlent d’une jeunesse africaine qui se cherche, une jeunesse sensible aux difficultés liées aux échanges Nord – Sud. Ils mettent en avant des oppositions flagrantes vécues aujourd’hui : une jeunesse pleine d’enthousiasme et d’idéaux, mais aussi désenchantée, car consciente des inégalités sociales, financières qu’elle constate quotidiennement. Comment vivre ou survivre dans cette Afrique où la débrouille devient l’activité essentielle de nombreux jeunes qui ne réussissent pas à maîtriser leur avenir ? Parallèlement, la caméra de « Samba », simple et directe, filme une Afrique paisible, organisée autour de petits marchés. Samba nous apaise, tandis que la tourmente de son meilleur ami, Sogui nous entraîne vers un questionnement profond. Seules, l’amitié et la solidarité sont intactes, et se rassemblent, le temps de boire un thé. De même, la sagesse des Anciens (allégorique, presque mythique) permet aux jeunes de puiser les ressources nécessaires qui les empliront d’espoir et les aidera à concrétiser de nouveaux projets. Un film touchant où tradition et modernité se côtoient en permanence.
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le site officiel :
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