Vendredi 29 Mai L'homme qui rétrécit

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Présentation Alain ARNAUD
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Animation d'un débat sur le thème :
"De la transformation humaine en des temps de catastrophes"
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Commentaires sur la séance et analyse du film
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Ca fait du bien de retrouver l'ambiance du ciné-club au restaurant social. Avec la chaleureuse participation de tous, des habitués, des nouveaux et de tous ceux qui sont intervenus - André a compté une trentaine de spectateurs.
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Quelques pistes d'analyse du film en regard des réactions
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1- le questionnement de la masculinité
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Une autre Catherine que je connais et à qui j'ai remis mon plateau repas, avant le film et depuis son titre en a compris la substance ("l'homme qui rétrécit"). Elle me répond que oui ça serait bien s'il pouvait rétrécir plus souvent (L'homme). Et en effet c'est bien un des enjeux du film : qui emprunte par la voix off le genre qu'on appelle "le film noir". Et que des théoriciens du cinéma ont défini comme le mélodrame masculin. Un mélodrame où la masculinité, la virilité de l'homme en tant qu'homme, est en question. Ce que l'on retrouve dans Duel de Spielberg que nous avions projeté l'an passé - tiré d'une nouvelle du même auteur qui a inspiré à la fois Spielberg et le réalisateur de notre film Jack Arnold. Richard Matheson auteur du roman l'homme qui rétrécit dans Duel campe un américain moyen dont le travail est d'être un représentant commercial qui traverse les grandes étendues pour aller de ville en ville. Tandis que l'américain moyen de "l'homme qui rétrécit" est lui un publiciste. Ce n'est pas si éloigné, il est au coeur de ce qui supporte l'apothéose de la marchandise, de "l'american way of life", c'est à dire de la société de consommation. Il en construit l'image. Et dans le film en premier temps il nous apparaît lui-même comme cette image lissée policée, que l'on verrait dans les magazines. Pour la remettre en question ensuite, la faire se fissurer de l'intérieur. Par le corps. en crééant les conditions d'une intériorité, de l'affirmation de son existence en tant que sujet inclus dans l'univers.
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2 - Drame ou Tragédie ?
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Dans le film "Duel" réalisé donc par le jeune Spielberg - 25 ans, on a aussi une voix off. La voix du narrateur comme nous l'a expliqué l'un des usagers du restaurant social hier. Mais cette voix justement est intérieure, c'est celle du personnage principal qui raconte sa mésaventure donnant au récit une allure non pas dramatique, mais exactement tragique. Au sens où Lacan définit le tragique (séminaire L'éthique de la psychanalyse) comme un tassement du héros sur lui-même. Une voix off qui creuse donc une intériorité, à partir de la mise en question de la masculinité du personnage. Une descente. dans un axe vertical, alors que le drame au contraire est ce qui permet au personnage et au récit de déplacer horizontalement ses évènements. Drama en grec c'est l'action d'ailleurs. Ici l'action est plutôt comme un sur place. Où justement c'est la place, la place dans le monde dans la société, la place tout aussi bien existentielle qui est interrogée.
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3- L'approche "fantastique" révèle dès 1957 l'effraction environnementale dont nous payons aujourd'hui les conséquences :
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Que pour le personnage cette place soit interrogée par l'effet conjugué d'un pesticide et d'un nuage radioactif n'est pas sans rapport avec notre propre contexte. D'où le titre que j'avais donné à notre débat : de la transformation humaine en des temps de catastrophes. Je renvoie au livre récent de Fabrice Nicolino écrit avec François Veillerette sur les dégâts des pesticides. (Pesticides, révélation sur un scandale français, Editions Fayard Site ici). Les auteurs montrent entre autres que les conséquences du croisement des substances dangereuses ne sont jamais prises en compte dans la mise au point des seuils de dangerosité pour les interdire. Pour le coup nous avons une définition paradoxale du genre fantastique : c'est celui qui dit le réel - un réel qui est nécessairement clivé - et en montrant le revers de la médaille. En déconstruisant la mythologie de la construction sociale. Le fantastique ici a 50 ans d'avance. D'où l'intérêt pour nous, d'une part de passer des films soit disant anciens mais toujours d'actualité et qui parlent de nous. D'autre part de passer des films d'aujourd'hui parce qu'ils révèlent l'avenir de ce que nous sommes, personnellement et collectivement. Une route que nous faisons qu'entrapercevoir, parce que nous avons le nez dans le guidon.
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4- Une société qui tient par l'image et les stéréotypes
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Cette mise en question fait aussi éclater les conventions de la société. François dans son inspiration de génie a de suite mis le doigt sur l'essentiel (à la suite de la remarque de Catherine).
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Lorsque j'ai proposé comme fil conducteur, pour regarder le film de bien regarder entre autre les différentes blancheurs. On m'a demandé aussitôt pourquoi, et simultanément des gens de notre assemblée ont donné des réponses : parce que ça représente la pureté par exemple (une de nos conventions sociales ... et François notre sage a pensé à la blancheur de la robe de mariée avant d'avoir vu le film. C'est cela qui implose dans le film : le mariage en tant que convention. On pourrait en multiplier les occurrences ; mais pensons à ce plan où Robert scott Carey devenu plus petit que sa femme, lui confie son malaise quant à leur relation. Parce que dans le stéréotype l'homme doit être plus grand. Au moment où Louise sa femme le rassure et réaffirme son lien conjugal, le réel mise en scène la contredit : dans ce plan où Robert scott fait le geste de tourner la clef du démarreur de la voiture, (tourner aussi bien le moteur de leur mariage) on voit l'anneau de son alliance, glisser sur le plancher de la voiture, son doigt ayant rétrécit.
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Notre cri
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Bon arrêtons-nous parce que c'est une thèse où un ouvrage cinéphilique que nous écririons et nous aurions besoin des multiples mains de notre communauté d'hier pour le faire.
De tout coeur, votre gentil animateur, (sauf les soirs de pleine lune).
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Alain
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Post Scriptum : retour sur l'homme et l'araignée :
La vilaine bébête de la photo du haut est bien entendue une métaphore. Contre qui donc Robert Scott Carey peut-il combatttre en réalité ? Quelle en est la tranposition. J'ai quelques réponses mais il y en a une infinité dés lors que le film s'ouvre à nos interprétations, à notre sensibilité, et que nous y prenons place : une définition possible de l'art. A laquelle je rajoute pour notre contexte : et que nous nous mettons à plusieurs pour en creuser le sens.
Merci pour les aplaudissements d'hier : ça c'est de l'encouragement ! qui donne l'envie de se lever tôt le matin pour s'ouvrir au nouveau.
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Commentaire sur le blog du Réseau d'échanges réciproques de savoirs de Nantes ICI
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L'homme qui rétrécit : un film

....The Incredible shrinking man
.... Réalisé par Jack Arnold
.... Avec Grant Williams
.....Film américain.
.....Genre Fantastique
.....Durée : 1h 31min.
.....Année : 1957
.....Remake : L'homme qui rétrécit (2008)
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L'homme qui rétrécit : un livre


Le film est tiré d'une nouvelle de Richard Matheson (qui a écrit aussi "Je suis une légende"). Matheson qui a particpé au scénario, n'a pas aimé le film au final. Il a contesté sa collaboration avec le réalisateur.


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