Réalisé par Pedro Almodóvar
1998
Avec Cecilia Roth, Marisa Paredes, Candela Pena
Durée : 1h 40
Oscar en 2000 du meilleur film étranger.
Compte rendu de la séance
Nous avions ce vendredi une invitée par le Réseau "On va sortir" : Claude qui est venue alimenter notre débat. Ce qui nous donne un peu d'extériorité. L'objectif du ciné-club étant de croiser des régards différents à propos du film.
Le groupe de la chorale pour une fois est resté jusqu'à la fin du Film.
Discussion sur le contexte du film :
Alain (de la chorale) a exprimé son étonnement devant la liberté de ton du film et surtout la peinture de la libéralisation des moeurs que l'on voit. Notament pour un film de pays catholique où la religion et l'intégrisme ont du poids.
A partir de là nous avons remis en contexte. Les films de Almodovar s'inscrivent dans ce courant culturel et social espagnol de La movida. Qui s'est développé comme un mouvement de libération après la chappe de la dictature franquiste. Nous avons rappellé qu'à côté du mouvement intégriste, fasciste, il y avait des courants progrossistes. On niveau politique les communistes et les anarchistes étaient plus puissants que partout ailleurs avant la guerre civile.
Alain a fait une parrallèle entre l'Italie et l'Espagne de ce point de vue. On aussi dit que les réactionnaires l'ont emporté pour deux raisons : parce que les courants opposés des progressistes se sont battus ente eux pour le pouvoir du mouvement révolutionnaire. Et parce que les autres pays européens n'ont pas voulu intervenir, dans ce conflit laissant les coudées franches à la progression d'Hitler (on se rapelle le tableau de Picasso Guernica, qui exprime la destruction d'un village espagnol par l'aviation allemande nazie).
Ken Loach en fait la peinture de ce combat dans son film "Land and freedom". Pour plus d'infos cliquer sur ce titre.
Mais quel est le vecteur du film ?
Un autre participant (jérôme il me semble) a posé la question : "quel est finalement le vecteur du film?" une excellente question parce que le film est foisonnant en thématiques. Pourtant Serge a apporté un élément de réponse : en repérant que malgré cette richesse de point de vue le récit était centré sur le personnage de Manuella (la mère qui perd son fils, et qui reforme une communauté d'amis autour d'elle). Et qu'on la voit entre son rôle de mère, de femme et d'actrice refaire sa vie.
Masculin et féminin
On a tenté d'y répondre à partir de la dernière image avant le générique où Almodavar écrit un hommage aux femmes, aux actrices, et aux mères.
Nathalie a dit que les hommes aussi avait une féminité. Et effectivement c'est une des grandes thématiques du films. Non seulement la féminité des hommes mais surtout la souveraineté, l'autorité des femmes. (Manuela, Rosa, Huma, l'actrice) Aussi bien Agrado qui compose un troisième genre entre femme et homme.
Almodovar et Platon
J'ai lu à ce propos un passage du Banquet de Platon. Quand Aristophane entame son disocurs sur l'amour par l'exposition du mythe grecs où on explmiquie comme les dieux ont crée homme et femmes à partir d'un être primordial qu'ils coupent en deux. Les deux parties ne pouvant rien faire l'un sans l'autre cherche à se réunir. Ainsi s'explique l'attirance et l'amour des hommes pour les femmes. Dans ce mythe notons qu'à l'origine il y a aussi avant cette division un troisième sexe qu'il appelle androgyne, c'est à dire composé homme et femme.
La photo déchirée
Nous avons rapproché ce passage du Banquet de Platon du début de "Tout sur ma mère" où l'on voit Esteban passer son doigt sur le bord déchiré d'une photo. Elle représente sa mère Manuela, jeune, habillée pour son rôle d'actrice amateur. La partrier manquante concerne le père que Manuela veut cacher à son fils. Et que Esteban brûle de connaître. Une déchirure entre père et mère. Mais aussi entre homme et femme, masculin et féminin, comme dans le mythe du Banquet.
Résumé
Manuela, infirmière, vit seule avec son fils Esteban, passionné de littérature. Pour l'anniversaire de Manuela, Esteban l'invite au théâtre ou ils vont voir "Un tramway nommé désir". A la sortie, Manuela raconte a son fils qu'elle a interprété cette pièce face a son père dans le rôle de Kowalski. C'est la première fois qu'Esteban, bouleversé, entend parler de son père. C'est alors qu'il est renversé par une voiture. Folle de douleur, Manuela part à la recherche de l'homme qu'elle a aimé, le père de son fils. César et Oscar 2000 du meilleur film étranger.
Marisa Paredes au 52ème Festival de Cannes
Vedette de Tout sur ma mère, Marisa Paredes était aussi celle du film d'Arturo Ripstein, adapté d'une oeuvre de Gabriel Garcia Marquez : Pas de lettre pour le colonel. Film également présenté en compétition, dans la sélection officielle.
Alberto Iglesias, compositeur de la musique
Tout sur ma mère marque la troisième collaboration d'Alberto Iglesias avec Pedro Almodovar, après La fleur de mon secret et En chair et en os.
Il a également écrit les musiques des films du réalisateur Julio Medem : Vacas, La ardilla roja, Tierra, Les amants du Cercle Polaire.
Cecilia Roth ("Manuela")
Née en ragentine, Cecilia Roth s'est exilée en Espagne sous le régime militaire qui a dirigé son pays jusqu'au début des années 80.
C'est à cette époque qu'elle commence à travailler comme actrice et joue de petits rôles dans les films d'Almodovar : Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón (1980), Entre tinieblas (1983), ¿Qué he hecho yo para merecer esto?!! (1984).
De retour en Argentine, elle devient l'une des actrices les plus importantes de son pays.
Penélope Cruz ("Soeur Rosa")
Elle est actuellement l'une des comédiennes les plus en vue du cinéma espagnol.
Elle a déjà joué dans un film de Pedro Almodovar : En chair et en os, où elle faisait une courte apparition.
Découverte dans Jamon, jamon de Bigas Luna (1992), on a pu la voir dans, Belle Epoque (Fernando Trueba), If Only... (Maria Ripoll), ou The Hi-Lo Country (Stephen Frears) .
Marisa Paredes ("Huma Rojo")
Née en 1946 à Madrid, Marisa Paredes est l'une des plus grandes actrices espagnoles de l'après-guerre.
Comédienne au théâtre et à la télévision, elle a déjà travaillé avec Pedro Almodovar, sur : Dans les ténèbres, Talons aiguilles, La fleur de mon secret.
On a pu la voir également dans, Trois vies et une seule mort, de Raoul Ruiz, et La vie est belle, de Roberto Benigni.
Tout sur ma mère au 52ème Festival de Cannes
Premier film d'Pedro Almodóvar présenté, en compétition, dans la sélection officielle, Tout sur ma mère a été récompensé par le Prix de la mise en scène, remis à Pedro Almodóvar.
A propos du titre du film :
"Le titre Tout sur ma mère vient de All about Eve de Mankiewicz, un film qui, entre autres thèmes, aborde celui des femmes et des actrices. Des femmes qui se confessent et se mentent les unes aux autres dans la loge d'un théâtre convertie en sanctuaire de l'univers féminin. La loge me renvoie au patio de mon enfance.
L'image d'un groupe de femme symbolise pour moi l'origine de la vie, mais aussi l'origine de la fiction et de la narration."
Pedro Almodovar, les femmes et le cinéma :
"Elles sont non seulement le sujet de Tout sur ma mère, mais plus encore le film leur est dédié. En particulier les actrices qui, à un moment donné, ont joué des actrices. Les films qui reflètent le monde du cinéma m'ont toujours intéressé. Je pense plus précisément à ceux qui racontent des histoires d'acteurs, de réalisateurs, d'écrivains, de figurants, d'imitateurs de stars. Les films dont le sujet est le cinéma en soi et les personnes qui le font. Dans ce genre, les films qui m'attirent le plus sont ceux dont les rôles principaux sont tenus par des femmes. Dans la dédicace finale, je cite trois de celles qui m'ont produit les émotions les plus fortes : la Gena Rowlands de Openinh Night, la Bette Davis de All about Eve et la Romy Schneider de L'important c'est d'aimer. L'esprit de toutes les trois imprègne de fumée, alcool, désespoir, folie, désir, abandon, frustration, solitude, vitalité et compréhension les personnages de Tout sur ma mère.
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