"Une histoire vraie"

Réalisé par David Lynch en 1998
Avec Richard Farnsworth, Sissy Spacek,
Harry Dean Stanton

Durée : 1h 51min.
Titre original : The Straight Story

Un film très beau, émouvant, plein d'humanisme. Une dimension avec laquelle Lynch renoue peut-être après "Elephant man" .


Compte rendu de la séance du 25 Septembre

Nous avons partagé. D'abord de l'écoute. Du temps. Écoute de la musique dans le même rythme lent des déplacements de caméras, et du personnage principal qui part sur les routes. Qui part à sa façon.

Commentaires :

J'ai aimé cette réflexion de l'un d'entre nous : que ce film n'a pas de point de vue politique. Effectivement on n'y voit pas d'angle critique : en surface, dans ses coutures.
Pourtant et après coup, on peut prendre deux rythmes opposés :

- D'un côté ce qui pousse quelqu'un à partir sur la route (métaphore du devenir et du destin : la ligne jaune que l'on suite au milieu de la route ou la retrouve dans un autre film de David Lynch dés l'introduction, avec la même signification : "Lost Highway". Réalisé 3 ans auparavant.
- D'un autre côté ce qui pousse des gens aux suicides dans les entreprises. Ce qui existe depuis longtemps mais dont on parle maintenant. La dépossession du temps.

C'est comme si d'un côté on avait un temps intérieur, une urgence, un désir une ouverture. Liés ici au lien qui relie les deux frères. Où le temps social ne vient que sur les bords de la trajectoire sur les bas côtés.
De l'autre côté dans les entreprises qui pressurisent on a un temps social, où les salariés ne deviennent plus que la bordure ou le bas côté de la production.

Mais entre ces deux extrêmes, il y a le rapport que nous établissons entre notre activité personnelle et la société. Le fait que la société organise le chômage comme elle le fait, produit du malaise dans l'être de la même façon que la pressurisation en entreprise. Du fait que des personnes se retrouvent déconnectées des autres, du don de l'être indispensable à toute bonne santé.
Cette situation est organisée, voulue. Elle est criminelle. Aussi criminelle que la pression qui pousse au suicide chez France Telecom.

L'avantage de notre séance,

C'est qu'au moins nous avons partagé un peu de ce que nous sommes. Au premier chef : notre émotion. J'ai aimé ce simple témoignage de notre camarade au chapeau rouge, disant que le film est émouvant et triste. Il a ses raisons.

Pour ma part je trouve qu'il y a beaucoup de crépuscules (voir l'affiche) mais que ceux-ci indiquent aussi bien les levers que les couchers du jour. Et que donc si on le tourne en signification en métaphores, au crépuscule de sa vie, on voit Alvin se presser lentement dans sa propre matière, celle qui le relie à son frère. Revenir par conséquent vers une aurore. Il se lève avant tous. Il est en avance en quelque sorte. Exactement comme il le dit à propos de sa fille : "on dit qu'elle est lente (arriérée, anormale en gros), mais je sais que son esprit est aussi rapide que celui d'un ours". C'est une très belle métaphore du slogan des décroissants : moins de bien plus de liens et de leur animal fétiche : l'escargot. Une transformation, un devenir pour Alvin qui se remet en marche. "Qui se hâte avec lenteur" comme dit Jean de La Fontaine dans Le "lièvre et la tortue". Le film indique que pour chaque instant que nous vivons, il y a de quoi s'enthousiasmer - il y a une fraîcheur de ce que nous vivons recouverte par des occupations. (Ou l'absence fébrile et désespérée d'occupation). Nous pouvons partir, nous séparer chacun dans notre trajectoire avec le rythme de Alvin et ce message.

Nous avons fait un tentative pour partager la beauté plastique de l'image en revoyant la première séquence. Mais cela n'a pas vraiment fonctionné. C'est que le récit, et surtout justement l'émotion portée portée par la musique absorbe notre regard. Mais si nous faisions l'expérience d'enlever le son, alors apparaîtraient à l'évidence les qualités plastiques de la mise en scène de David Lynch. C'est un auteur et un artiste. Qui s'y connaît aussi en art contemporain. Un des référence c'est celle du peintre américain Edward Hooper. (voir ci-dessous).


Résumé :

Comme son titre l'indique, il s'agit bien d'une histoire vraie, celle d'Alvin Straight qui, a soixante-treize ans, après une mauvaise chute, décidé de quitter Laurens, village du nord de l'Iowa, pour retrouver son frère aîné qui vient d'avoir une attaque. Les deux frères sont fâchés depuis dix ans. Malgré son état de santé médiocre et après avoir réfléchi à leur contentieux, Alvin décide d'aller voir Lyle dans le Wisconsin et entreprend un voyage de plusieurs centaines de kilomètres par ses propres moyens.

Le réalisateur David Lynch (né en 1946)

C'est l'un des grands auteurs de fantastiques américains. Avec David Cronenberg, ou Tim Burton. Un artiste. Un homme orchestre (Réalisateur, Acteur, Acteur de doublage, Producteur, Producteur exécutif, Scénariste, Créateur, Cadreur, Compositeur, Monteur, Mixage, Chef décorateur, Animateur, Effets spéciaux, Ingénieur du son, Responsable des effets sonores américain ).

En Savoir plus ICI

Film qui sort en ce moment INLAND EMPIRE avec Jeremy Iron qui joue le rôle dui frère de Alvin que l'on voit dans sa pauvre masure à la fin de Une histoire Vraie.

On retiendra En premier lieu un film expérimental en noir et blanc qui a connu dans les années 70 un franc succès : Erasead Head"(1976) , puis un succès commercial : "Elephant man", (1980) métaphore de l'affirmation de la différence, un peu comme dans "Freaks" de Tod Browning, mais en plus mélo.
Un film de Science fiction raté : "Dune".(1985)
La série "Twin Peaks". (1990)

Et toute une série de films à composantes souvent fantastique :
- Blue Velvet (1987)
- Sailor et Lula (1990)
- Lost Highway (extraordinaire) (1997)
- Mulloland Drive (2001)

+ D'infos ICI

Les acteurs :

Sissy Spacek (1949)
(Carrie au bal du diable; Trois femmes; Missing, )
voir sa biographie et sa filmographie ICI

Richard Farnsworth (Alvin) (1920-2000)
acteur et cascadeur. Il a Pas loin de 80 ans au moment du tournage.
Sa filmographie est longue on retient : ICI

Critiques de la presse
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