vend 11 juillet 2014 --"Looking-for-Eric"--- et la résistance à la misère



Réalisé par Ken Loach 2008
Avec Eric Cantona, Steve Evets

Durée : 01h59min


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Nos COMMENTAIRES

sur le débat au restaurant social du 11 juillet 2014

Participants :
 - 3 extérieurs des usagers de La Sagesse de l'image dont Martine, Elise déjà présente à la première réunion du collectif le 2 juillet, et Françoise qui venait pour la 2ème fois eu restaurant.
- Une douzaine de personnes du restaurant social dont : Denis, Philippe, Fernand, Franck, Serge, Yannick, Alain, Emmanuelle...

 Martine

Du grand Cantona ..; euh .. Ken Loach. Et un partage émouvant au restau social.
Allez, je fais la passe à qui veut continuer de commenter.
Je ne sais plus dans quelle tranche d'âge me situer, 3ème, 4ème, 5ème ?, en tout cas, des utopistes amoureux de la nature humaine de son acabit
ravivent mon étincelle de jeunesse restante, et j'en redemande
              
Elise 
Un film drôle, pour un sujet grave... une pauvreté émotionnelle et affective... Mais je rejoints Philippe quand il dit que c'est une histoire pas réaliste du tout... Mais pour une autre raison : le travaille sur soi qu'à fait Eric... pour moi, ce n'est pas possible sans l'aide d'une tiers personne, et c'est un changement qui demande du temps, beaucoup de temps... Ce que je comprends du film c'est qu'Eric va écouter une petite voie intérieure et, grâce à elle, aller de l'avant (ces amis n'intervenant qu'ensuite). C'est bien trop beau ! Mais, il faut reconnaitre que ça fonctionne malgré tout, et on jubile au moment où, en groupe, ils prennent leur revanche sur les "méchants" (et toujours de façon drôle)...
Et quel débat ensuite !... Un grand merci aux z'amis de Pierre Landais pour leur accueil et leur spontanéité... je découvre l'univers de Ken Loach petit à petit... Et bien sur, merci Martine pour ta passe.

Alain
Le film est une allégorie de la résistance il faut en accepter le code : celui de la comédie. On voit dans le film que le personnage Eric Bishop commence sa résistance à la misère de façon personnelle en projetant sur son idole un rôle de coach personnel intérieur. Qui l'amène a déplacer ses propres représentations et sortir du défaitisme auquel le contexte familial dramatique l'accule. On a toujours plus de possibilités que ce que l'on croit lui dit son coach. La recherche des solutions par le groupe des collègues est assez ironique, amusée, mais débouche - et les jeunes dont on a l'image de parasites sont intégrés progressivement dans le cercle communautaire (l'idée de se servir de Youtube comme arme de dissuasion).

Certains ont noté que le film est un manichéen, les méchants d'une côté les gentils de l'autre. C'est une constante de Loach d'être dans l'empathie vis à vis de ses personnages opprimés mais il n'hésite pas à en montrer les contradictions. Jimmy's Hall est sur le même registre de deux camps qui s'opposent. Et ses relations à son amie sont pleines d'hésitations.

Je trouve en dehors de tout réalisme l'allégorie "Cantona" assez réussie sur le plan individuel tout comme collectif (l’armée finale des Cantona): la fonction d'un coach extérieur (un thérapeute, un conseiller etc) c'est quand il est bon, que le coach intérieur se développe en soi. (L'amour de soi, le respect de soi et notre autorité).

Les films de Loach construisent des métaphores où la solidarité de classe existe encore, un des rares à le faire. Quelquefois critiqué par les facilités dramatiques auxquelles ce point de vue empathique le conduit, son geste au-delà de l'esthétique est un acte de résistance cinématographique que tous saluent (dont on a besoin).


Voici un compte rendu subjectif plus complet où je tire les fils de l'interprétation d'un débat souvent vif , quelque fois pointu d'autres fois plus large. Qui a porté à la fois sur le thème de la pauvreté et de la misère et sur le film.  Si vous  tirez d'autres ligne, bienvenue  car j'en ai oublié de nombreuses... Alain


1- Pauvreté et misère  
Nous sommes revenu dans un débat vif et accroché notamment entre Alain et Philippe, sur le signifiant de misère, et la nécessité d'en changer. La position de Philippe c'est que la pauvreté est objective et la misère personnelle.  Que les choses changent au niveau personnel, c'est le bon niveau. Dans le débat le collectif, le plan d'ensemble, c'est quelquefois opposé au plan individuel. Philippe remarque que le monde moderne que l'on vilipende dans les fragmentation, les isolement les barrières a quand même aboutit à la création d'un individualisme qui est positif. (Au sens où l'individu est moins sous la pression du groupe. 9a c'est la b.A ba : personne ne souhaite revenir en arrière sur cet acquis.

2- Le singulier pluriel ( dimension collectif et/ou personnelle) :
Le film et la cinématographie de Loach marxisant libertaire issu d'une famille ouvrière et supporter du club de foot de sa ville, montre constamment ce croisement entre destin collectif et personnel. On l'a vu avec Jimmy's Hall sortie Katorza sur laquelle nous sommes revenu au début et régulièrement.
J'ai aussi dit ce qui faisait le dénominateur des différents film de nos propositions du mois de juillet : la solidarité communautaire. Les personnes du restau qui sont allées voir les 7 samouraïs au jardin des plantes on apprécié et on y voit comment les 7 samouraïs refonde ressoude la communauté des paysans par rapport aux brigand qui les pille. 
La métaphore tient encore aujourd'hui plus que jamais. La ville, l'échelle locale, qui résiste au global est le bon niveau d'action du singulier/pluriel. On voit dans le film que le personnage Eric Bishop croise les deux dimension : il commence de façon personnelle en projetant sur son idole un rôle de coach personnel intérieur. Qui l'amène a déplacer ses propres représentations et sortir ainsi du défaitiste auquel le contexte familial dramatique l'accule. En gros cela tourne autour du fait que l'on a toujours plus de jeu de possibilité que ce que l'on croit, et qu'il les mettre en œuvre. Que l'on doit d'abord compter sur soi et sur les autres qui sont une ressource, jouer collectif. La recherche des solutions par le groupe de camarade est assez cocasse, ironique, amusée, mais ça débouche, et on voit que les jeunes dont on a l'image de parasites dans les deux sens du mot -  sont intégrés progressivement dans ce ce cercle communautaire (l'idée de se servir de Youtube comme arme de dissuasion).

3- L'empathie et la clairvoyance.
Philippe a noté une caricature sentimentale dans le traitement du film. Que Loach ne prend pas de duistance ironique ou critique vis à vios des personnages comme il le fait parfois. Notamment au final "happy-end" dans le réglementaire de compte avec les bandits. Effectivement une morale est crée que l'on peut trouver facile. Mais d'autres ont noté que c'était le genre du film, la comédie. C'est un peu manichéen : les méchants d'une côté les gentils de l'autre. Toutefois on notera que c'est une constante chez Loach d'être dans l'empathie vis à vis de ses personnages opprimés. Même s'il n'hésite pas dans certains films a en montrer parfois les contradiction. D'ailleurs Jimmy's Hall est sur le même registre de deux camps qui s'opposent.

4- Empathie et déplacement de point de vue intellectuel.
En nous intéressant au phénomène de la pauvreté le faisons pour des raisons d'empathie et/ou de clairvoyance ?  J'ai parlé de L'idée géniale du 18ème de J.J Rousseau prélude à la Révolution, celle de son premier discours sur l'inégalité, où il montre comment les inégalité de culture sont bien plus puissantes et injustes que les inégalités de nature. Au 19ème siècle  Marx issu de la classe bourgeoise. au 19 ème procède à un autre déplacement de point de vue, du côté cette fois des prolétaires, au fond dans la même lignée que Rousseau, mais là dans une perspective économique. Est-ce par empathie qu'il le fait ? Certainement, dans l'idée que les hommes, produit de leur assignation de classe peuvent accéder de ce fait à autre chose dans un mouvement général.

5- Ken Loach, ses métaphores et notre situation.
 Les films de Loach construisent des métaphores où la solidarité de classe existe encore. Mais dans une option plus large. C'est un des rares à le faire. . Quelquefois critiqué par les facilités dramaturgiques auquel cet point de vue empathique pourraient le conduire, son geste au-delà de l'esthétique est pourtant reconnu par tous, y compris les critiques de la presse spécialisée. Récemment encore sur France-Culture où on le presse de continuer son acte de résistance cinématographique.
Quel est le dénominateur des points de vue de Rousseau à Loach en passant par Marx : C'est que le Monde en se déployant a déployer les inégalités simultanément. Autrement dit que nous sommes quoique dans une système économique différent ente le 18èmet et le 21ème, dans le même système de domination de classe. Nous avons de défis a relever énorme, peut-être trop. Ces défis sont tous liés. Les inégalités à la fois sociale et politique, les situations de pauvreté (au pluriel), sont une des paramètres dont la transformation n'est plus souhaitable, mais nécessaire. C'est à dire que les pauvres sont le problème et la solution. Les pauvres ne sont plus le problème mais la solution. Pour eux et pour le Monde. En face un système invivable et risqué. C'est à un petit niveau que les solutions existent d'abord celui de Eric Bishop ou de Jimmy's dans les films de Loach. Solutions qui permettent de faire un pas de côté dans les représentations de la pauvreté, de la précarité.

6- La question de la place dans la communauté.  
Ce thème a apporté un échange un peu vif.J'y reviendrai car elle lève un paradoxe intéressant. Celui par exemple qui opposait il y a quelqeus années les approches d'insertion ou d'intégration. (Cela me rappelle une phrase de La planète des singes, les origines. Un humain demandait à un singe de retourner d'où il venait, et le singes lui répondait qu'il venait de ce monde que ce monde là était le sien depuis bien avant celui des humains.
Ce qui m'intéresse dans la situation de précarité, c'est qu'elle a une valeur universelle au même titre que le personnage du vagabond - The tramp - que l'on a appelé en français uniquement et faussement Charlot. Nous sommes tous dans une situation à la fois inclusive et dans une position d’extériorité (c'est le sujet humain). La pauvreté, la précarité est là pour nous le rappeler. C'est sa puissance. (reconnue depuis les fondements de notre culture (heureux les pauvres en esprit, n'est pas une phrase péjorative et "déclassante", elle dit que nous sommes pas "identiques" à notre classe, à notre provenance, notre culture, notre nation). En conclusion il y a une signification et une conception négative de "la place", quand celle-ci est vue comme un  rouage nous sommes dans une interprétation totalitaire. Mais il y a aussi une conception positive, dés lors que nous trouvons place avec l’extériorité que nous apportons. Extériorité c'est : notre originalité, notre singularité, bref ce qui en nous est irréductible et inaliénable, le revers de ce qui nous fait souffrir quelquefois jusqu'à la pathologie. C'est la confusion de ces deux niveaux qui a apporté un peu de vivacité dans nos échanges.


7 - La question du désir 
Quelle sont les conditions pour qu'un individu puisse se développer ?
J'ai fait référence au livre de Simone Veil "L’enracinement" dans lequel elle cherche à établir une charte minimale qui permet épanouissement de l'humain. A la fois la sécurité mais aussi bien le risque c'est à noter dont des critère à retenir. Vis à vis de notre thème (la misère ou la pauvreté), cela veut dire que "le désir" doit être au cœur. On a tourné souvent autour de ça : de la capacité à mettre en projet. "L’espérance" pour moi est de cette nature, délirante. Elle projette un horizon en avant.
Or nous sommes paralysé par la peur soit de survivre quand on a pas de revenus, soit par celle de perdre son statuts ses conditions de travail. C'est une aliénation terrible qui rend stérile des deux côtés. La peur et la soumission on voit que Eric Bishop  le personnage de Ken Loach dans Looking for Eric y cède contre ses valeurs et ses intimes conviction : il cède et se soumet face à la violence et au rapport de force. A l'égar de cette réalité essentielle de la peur, les pauvres, les précaires les désargentés les sans-statuts particulier et sans place de la société occupent une fonction. Celle de repoussoir pour les autres et à l'inverse les autres peuvent-ils à leur yeux occupper la fonction de l'envie. En conclusion comment pouvons-nos à une petite échelle celle d'une ville, concevoir des dispositif qui permette d'avoir un rapport plus apaisé, et de faire lever dans la sécurité le désir. De part et d'autre le système est le même. C'est là-dessus que nous pouvons nous rencontrer échanger et œuvrer. De part et d'autre sur un même plan.



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 Résumé du film:
Eric Bishop, postier à Manchester, traverse une mauvaise passe.
Sous son nez, ses deux beaux fils excellent dans des petits trafics en tous genres, sa fille lui reproche de ne pas être à la hauteur et sa vie sentimentale est un désert.
Malgré la joyeuse amitié et la bonne humeur de ses collègues postiers qui font tout pour lui redonner le sourire, rien n'y fait...
Un soir, Eric s'adresse à son idole qui, du poster sur le mur de sa chambre semble l'observer d'un oeil malicieux. Que ferait à sa place le plus grand joueur de Manchester United ?
Eric en est persuadé, le King Cantona peut l'aider à reprendre sa vie en mains...


Jouer col-le-ctif !

Selon Ken Loach, Looking for Eric est avant tout "une histoire sur l'amitié et sur le fait de s'accepter tel que l'on est. C'est un film contre l'individualisme : on est plus fort en groupe que seul. Certains éprouveront peut-être une certaine condescendance envers cette idée, mais ce film parle de la solidarité entre amis, en prenant pour exemple un groupe de supporters de foot. Il est aussi question de l'endroit où vous travaillez et de vos collègues. Même si cela peut sembler banal de dire cela, ce n'est pas dans le vent de l'époque. Ou du moins ça ne l'est plus depuis trente ans. Ceux qui vous entourent ne sont plus vos camarades, ils sont vos concurrents."

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