L’homme qui aimait les femmes
Réalisé par François Truffaut 1977
Avec Charles Denner, Genevieve Fontanel, Brigitte Fossey
2h
Résumé
Bertrand est autant amoureux des femmes que de l'idée même de la femme. Pour lui, toutes les femmes sont uniques et irremplaçables. Elles sont à la fois l'œuvre de sa vie, son inspiration artistique et la cause de sa mort. Une passion qu'il résume par ces mots : "les jambes de femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie".
Débat (avant et après le film) :
Alain 11 Avril 2011
La fin du film est marquante Je l'ai "engrammée" depuis la sortie du film jusqu'à présent.
Patrick 12 Avril
J'adore ce film, Charles Denner y est remarquable en homme inquiet, torturé mais "amoureux" du corps de la femme, une quête sans fin (faim)
Alain 12 Avril
le chef op n'oublie pas la nuit américaine. Pour " L'homme qui aimait les femmes" c'est Nestor Almendros (qui a fait aussi la lumière de " L'enfant sauvage" que nous avions passé).
(Et de "Koko le gorille qui parle" par ailleurs de Barbet Shroeder dont nous avons réentendu parler incidemment ce dimanche à propos de droits des animaux).
Natacha 12 Avril
Et les femme qui aime les hommes, on n’en parle jamais !! tro de machauds !!
Alain 12 Avril
Mais c''est une bonne idée !!! (Il y a bien les séries américaines bien connues - mais au cinéma
donc après ce premier pas, nous attendons chère amie, vos propositions : trouver le titre d'un film !!!
Brigitte 12 Avril
Les femmes qui aiment les bêtes :"La Belle et la Bête"?
Claude 13 Avril
Je suis un peu d'accord avec Esmeralda... On ramène trop souvent tout aux hommes.
Il doit être difficile d'en trouver car les cinéastes sont le plus souvent des hommes.
Alain 13 Avril
Des femmes cinéastes il y en a, françaises en particulier. Suffit d''aller y voir.. Par exemple un film primé : "L'amant de lady Chaterley" de Pascale Ferran. Si ça ne parle pas de regard féminin sur les hommes...!!!. ( d'après D.H Lawrence un auteur à relire du point de vue des rapport hommes femmes et de la sexualité. Du point de vue de "la parité". Si on entend dans ce mot non pas l'égalitarisme de principe, mais la situation d'un homme et une femme qui cheminent côte à côte, comme à égalité.
Michèle 13 Avril
En vrac, Barbara Loden avec son unique film Wanda. Anne–Marie Miéville, la compagne de Godard, Yannick Bellon, Chantal Ackerman, Agnès Varda, Claire Denis, Coline Serreau etc. Et puis Catherine Breillat qui explore la sexualité féminine, qui choque car elle frise la pornographie et peut même faire penser que cette sexualité peut être soumise. Je me souviens qu’un film de femme a été censuré en 1974 ou 75… Le M.L.A.C avait défilé pour le soutenir et il y avait à Paris des séances sauvages
Pour ne pas conclure, le cinéma est le reflet de notre société et qui dit film réalisé et écrit par une femme n’est pas gage de parité ou de militantisme féministe ; à mon avis. Ce serait trop fastoche !
En effet, qu'y a t'il de commun entre un film de Serreau et Varda (époustouflant " sans toit ni loi" avec un film de Sophie Marceau ( c'est le nom qui m'arrive sous les doigts...), mis à part que ce sont des films faits par des femmes ???? Je vous le demande... Le jour où on ne se posera plus la question si c'est un film de femme ou d'homme; là ce sera un beau jour !
Bises d'une femme qui se prend parfois pour un homme ou une belette
Alain 13 Avril
Merci Michèle pour les références : "une vraie jeune fille" de Catherine Breillat n'est pas piqué de l'escargot : provocateur, innocent, pervers - Eros et Thanatos. Informé à mon avis par les grands subversifs masculins comme Bataille, Sade, Bunel et les surréalistes.
Anne-Marie, 13 Avril
Puisque les commentaires d' avant le film s'écrivent je dirais que mon souvenir de ce film-là de Truffaut est que des amours passionnées,éphémères, espiègles ou déjantées qui se sont éteintes il reste une douceur--ni regret, ni chagrin, ni colère--un frôlement
que sera vendredi ????
Anne-Marie, 13 Avril
Michèle ! quel commentaire qui fait tournebouler les images
si je dois en choisir une c'est Claire Denis droit au coeur et au corps
Claude 14 Avril
Tout est autorisé et tout est interdit, Loup, ça dépende de quel coté de la Loi, on se déplace !!!
Certes, je rejoints la belette. Une société patriarcale ne peut laisser que peu de place à l'expression de l'énergie Yin et celle-ci se complait trop souvent ds le désir mâle. Ce n'est pas pour rien que les Divas style Jeanne d’Arc avaient pas mal de Yang en elles et que Jeanne a du se déguiser pour devenir Papesse !!
Mais de bons films féminins aussi : "Sex is comedy" ... mes références en 7ème art sont un peu limitées...
Alain 14 Avril 2011
Catherine Breillat dans "Sex is comedy" travaille sur la question du voir, entre voyeurisme et exhibitionnisme. Elle associe le jeu de la camera à l'acte d'amour, s'inclut dans son propre travail en décalage d'elle-même. Elle fait de l’ambiguïté une matière à explorer. Son actrice Roxane Mesquida (3 ou 4 films de Breillat) joue des personnages qui révèle leur ambiguïté. La question de la jouissance n'est pas facile à cerner, Breillat a tenté de le faire souvent et avec ce film en particulier.
La jouissance n'est pas séparable du plaisir de voir jouir l'autre. Et peut-être de voir qu'un autre prend plaisir à la jouissance. Le fantasme révèle que nous jouissons peut-être dans ( ou de) la jouissance d'un autre.
Jean Renoir dans "Partie de campagne" investit le sujet de façon magistrale bien avant Breillat . (Je renvoie aux commentaires sur le blog "Partie de campagne", que nous avons écrit collectivement :
http://partiedecampagne.blogspot.com/2011/02/la-jouissance-cinema.html.
Anne-Marie 14 Avril
Dans " la Femme tatouée" c'est la jouissance qui enchante la peau et qui permet au tatoueur la plus belle réalisation
Alain 14 Avril
Cela me rappelle "The pillow book" de Peter Greeneway.
En moins tordu
Claude, 15 Avril 2011 - 05:36:08
Je n'ai pas vu tout à fait les mêmes choses que toi dans ce film... Je trouve qu'il posait plus le dilemme de faire l'acte d'amour sans amour voir pire en se détestant allégrement...
Alain 15 Avril -
D'accord, j'ai vu ce film à sa sortie (Sex is comedy je suppose -) il y a quasiment 10 ans. Ma mémoire est infidèle mais je l'aime
Est-ce que cela ne t'intéresserait pas d'en faire la présentation au cinéclub ? et qu'on en discute ensemble au final ? . (Faut trouver le support toutefois).
Car les débats sur la sexualité largement insatisfaisant.
Par exemple on ne sait pas si les renards lisent le journal pendant leur coït C'est un peu comme si on débattait sur la nature humaine : il y tellement d'expérience différentes sous un seul phénomène.
Michèle 15 Avril Alain, tu aimes quoi, le film ou ton infidèle mémoire ???
Si le renard vient nous présenter le film, je suis prem's pour m'inscrire
en tout cas, je suis d'accord sur le fait que ce genre de débat est largement insatisfaisant. Le thème général étant fluctuant selon le parcours de chacun ; il est évident que nous sommes tous des explorateurs et nos points de vue divergent selon nos diverses expériences tout au long de notre existence et nos rencontres ; et c'est tant mieux....
Je trouve que les hommes qui aiment les femmes sont loin d'être des monstrueux machos ou de dangereux libidineux ; ces hommes-là sont des explorateurs qui aiment les femmes dans leur intégralité. Explorez-moi Benoît car j'aime vous explorer aussi .... ben oui, y'a des femmes qui aiment les hommes qui aiment les femmes Quel trouble de voir en l'autre ce que nous sommes ou voudrions être. Quelle trouble de sentir masculin-féminin, que joli jeu
Egalité dans le cheminement, il est bien intéressant d'échanger par les mots, les corps aussi !
Bonne séance à tous
Brigitte 15 Avril
Pas besoin de se faire payer pour prendre du plaisir, surtout autour du thème de de la sensualité à la vie!
Merci pour avoir su faire le lien avec patience et dextérité autour de l'amour: cette indicible liberté.
Alain 15 Avril
On essaiera d'incarner les différentes lignes - avec " dextérité" ?
le débat m'a plu. le problème reste entier.
Anne-Marie 15 Avril
La mort de Bertrand Morane :
§--—tiens B. Morane qui fait des essais d’avion ?? non—
dans un labo(le même que dans « la femme d’à côté » non-----§
F.Truffaut voulait- il montrer à quel point toutes ces femmes l’ont aimé ?
Que comme le disaient nos grands-mères on meurt par où on a péché ?
Que Bertrand /Truffaut/Denner/ était dans une telle impasse que le mieux était d’en finir ?
Que les cimetières sont beaux, les anciennes amantes en noir sont belles—déjà la mariée était en noir déjà avec Charles Denner.
Anne-Marie de plus ou moins bonne foi.
Merci Alain, une fois de plus
Alain 15 Avril
Merci je n'arrivais pas remettre la main sur l'autre film avec des essais d’avion. J'avais des souvenirs que c'était avec Depardieu.
J'ai trouvé somptueuse l'intro du cimetière. Belle mise en scène, belles femmes. La photo, le cadre, le montage de façon globale, un maître. Je n'ai pas adhéré à la mise en abîme (le livre = le film) et à la voix off trop longtemps présente. A noter que la voix off disparaît au milieu du films.
Bien aimé une fois de plus la personnalité des personnages féminins. Leurs vérités, leurs folies, leurs obsessions, leurs lubies extraordinaires.
Pas de personnages masculins secondaires, sinon complètement dé-crédibilisés. L'homme le vrai est à la pôle position. Tu parles Charles, bien joué ! T'es le seul sans rival tandis qu'elles, doivent faire avec leur multitude. Le désir mimétique des femmes montré dans le film ne s'applique pas qu'à elles dans la vraie Charles !
Mais la rivalité masculine est hors champ pour Truffaut sous forme de l'émulation des frères italiens et américains. Concerne l'art le cinéma
Mais toutes ses formes féminines alors ?!! c'eut tété chouette de ne pas les mettre de côté, même celles que je ne saurai que voir : Comment ne pas être ému quand elles sont si joliment mises en valeur dans un regard si tendre (du réalisateur pour ses personnages - constante de Truffaut.
Le film évite heureusement l'explication psychologique.
Béatrice15 Avril
Merci bcp Alain pour ce bon moment !
Brigitte 15 Avril
...ah,j'allais oublier le fantasme ultime :celui de l'infirmière:Mortel!
Anne-Marie 17 Avril 2011
Les films du vendredi cheminent... Ce qui attire ces femmes ce n’est peut-être pas seulement la façon désarmante que Bertrand a de les aborder mais aussi l’espace qu’il crée en semblant ne rien demander d’autre que ce qui se joue au moment d’une rencontre et de quelques autres ensuite éventuellement…….la rivalité est liée à la volonté de pouvoir et au désir de possession, Bertrand n’a pas de rival parce que le problème ne se pose pas.
Enfin …ce que j’en dis !!
En tous cas deux irrésistibles, deux semaines de suite ! Boudu et Bertrand !!
Alain , 17 Avril
Ah je me disais !!!
Pas de raison de confondre l'acteur François Truffaut et le personnage qu'il incarne. C'est assez joli d'ailleurs ce déguisement qui brouille les pistes. Idem pour L'homme qui aimait les femmes!! le personnage vaut pour lui-même.
Vivre comme si nous nous rencontrions de nouveau est un défi. Épreuve trop inconfortable pour certains ? Peut-être l'appellent-ils "non engagement", alors que c'est depuis cet Ouvert que les choses en viennent à s'engager. Ce sont les choses qui s'engagent pas nous! dit L'homme qui aimaient les femmes : par des signes comme le bruit d'une paire de bas du croisement d'une paire de jambes féminines dans l'obscurité d'une salle de cinéma. En revanche pour que cela se creuse, il est besoin du fameux Oui de notre assentiment. Pour les êtres compliqué comme on le voit pour la passionnée ce "oui" à la forme d'un "non". Une autre manière d'affirmation extraordinaire pour Truffaut.
Dans L'homme qui aimait les femmes, cet ouvert n'est jamais refermé, même par le couvercle d'un cercueil.
Dans la chambre verte", le héros s'oppose à la fermeture d'un cercueil. (métaphore d'un deuil impossible", image de la grande mélancolie). Dans "La chambre verte" cet "Ouvert" qui manque, a pour nom celui du rival. Celui de l'amitié perdue.
On sait que la grande mélancolie est la mère de tous les arts.Qu'elle nous est consubstantielle. Les bouddhiste le reconnaissent disent eux-même que ne pouvons éviter une tristesse originaire.
J'aime l'humanisme de Truffaut. Son humilité. Le voir si près de l'enfant muet dans la Chambre verte. Emotion de voir Charles Denner si près de l'enfant à la robe rouge qui pleure. Un père idéal pour un enfant universel dans sa peine, à chaque fois concrète. Qu'il invertisse ces motifs qui sont peut-être comme le suggère Christian identiques, d'un film à l'autre, est une preuve de courage. Pas de mariage, que des gages !!! (Ah que dégage !!! : ce serait donc une matrice politique !! Revoir le système politique, les instituions, comme celle du mariage!! pourquoi quand on vote ce serait définitif même pour 5 ans ?
Anne-Marie 18 Avril
Une des très nombreuses questions soulevées par ton commentaire est celle du déterminisme/degré de liberté du « oui » de l’assentiment (qui peut bien sûr s’énoncer en « non ») qui conditionne a posteriori la transformation des choses en signes.
Soit le plan de l’univers que je construis/le plan de l’univers qui m’ait construit.. –gloups ! « avoir » et « être » - la discussion d'après le film a mis au jour des supposés conditionnements/empêchements--l'enfance toujours-- la mère (d'autres pensées diraient quoi de ces empêchements?).
Alain, 18 Avril 2011
Je trouve merveilleux dans le film cet hommage à la translation par laquelle on passe d'une femme à une autre mais pas de façon à les collectionner, ou à les remplacer mais a affirmer ce qu'elles sont chacune. Une plus une. Aucune n'est un substitut. Et c'est en cela que le type du personnage n'est pas celui du macho. En quoi cela serait-il plus pathologique de se mouvoir que de s’arrêter sur un seul objet auquel on peut par ailleurs imposer son rythme ?
Dans le film la relation à la mère est totalement sublimée. J'ai bien aimé ce pied de nez de Truffaut d'en alléger l'importance. Totalement Assumée. J'ai tenu à dire d'où venait Truffaut, au départ. Mais aussi tenu à dire que son film ne se réduit pas à cette provenance familiale. "La chambre verte" tout comme" l'homme qui aimait les femmes" sont des hymnes à la vie, à la richesse de la rencontre. Chacune avec sa singularité, son éternité. Où le sentiment de la durée se dilate.
Heureusement qu'il y a le jeu la liberté, les rencontres. Si on a la sensation de ne faire que papillonner et si le nectar de chaque fleur ne nous satisfait pas, rien ne nous empêche de nous arrêter, ou de devenir soi-même fleur pour d'autres insectes ailés. Derrière la conjugalité il y a cette idée qu'une odeur serait la meilleure. (schémas œdipien !!!)
Conditionnements ? Non plutôt des rencontres. L’art - le cinéma est au centre de "L'homme qui aimait les femmes", tout comme au centre de "La chambre verte". C'est un hommage à la création, à l'invention, à la nouveauté et aux influences. Le personnage incarné par Denner est un artiste. Il convertit ses expériences en mots. Mais cet acte de création littéraire, (d'adaptation de la vie à l’œuvre) a besoin d'un premier acte de création, d'une façon de se positionner face aux circonstances de la vie et des rencontres comme la maquette de l'avion ou du bateau que l'on voit dans le film si souvent se positionnent face aux éléments pour pouvoir les fendre et glisser. Merci pour la question - car je suis moins fort sur ce coup d'en poser.
Critiques : (lire la suite)
Critiques :
Le monde :
Elle :
Revoir ce film a été pour moi une petite déception. Certes le propos est amusant mais je ne vois pas vraiment ce que Truffaut cherche à prouver. Peut-être n’est ce que sa vision des femmes qu’il désire nous exposer.
Note : 3 étoiles
Lui :
Beaucoup d’humour dans ce film de François Truffaut considéré comme assez personnel : à travers son personnage, c’est un peu lui qui nous parle. La première qualité de L’homme qui aimait les femmes est sans doute d’être un film non-machiste : Charles Denner ne recherche pas les femmes pour son plaisir… non, il ne peut vivre que par elles. Certaines de ses “théories” sont vraiment mémorables (les compas, le printemps, …), théories où Truffaut aime autant jouer avec les mots qu’avec les images. Tout dans ce film n’est qu’équilibre, subtilité, fragilité. Le même sujet traité par un autre cinéaste se serait probablement révélé désastreux.
Note : 5 étoiles
28 février 2007
http://critiquescinema.canalblog.com/archives/2007/02/28/4165030.html
Bertrand Morane collectionne les conquêtes féminines et décide, en pleine nuit, de relater toutes ces liaisons dans un roman qui fera parvenir à une éditrice avec laquelle il entretiendra une relation de d'amour et de respect.
C'est bien connu. François Truffaut était un homme à femmes. Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Claude Jade, Fanny Ardant, Françoise Dorléac, presque toutes ces actrices fétiches auront été la compagne de François Truffaut le temps d'une nuit ou bien de quelques années. Après plus d'une dizaine d'années à avoir prouver son amour pour la littérature dans Fahrenheit 451 et trois années après la grandiose déclaration au 7ème art de la Nuit Américaine, le cinéaste s'attaque à prouver sa passion éternelle pour les femmes : et si la beauté féminine était elle aussi un art ? Sans doute un peu machiste sur les bords, le personnage de Bertrand Morane est l'alter ego du réalisateur comme l'eut été Antoine Doinel quelques années auparavant, et l'Homme qui aimait les Femmes s'impose comme l'un des films les plus personnels du cinéaste (et comme son plus sensuel !), comme une sorte de récit autobiographique. Truffaut relate son amour dévorant pour les femmes par le cinéma comme Bertrand Morane rédige toutes ces aventures et liaisons dans un livre, support pour garder toutes les traces et souvenirs, et pour n'en oublier aucune qui lui aura apporté le bonheur quelques temps. Truffaut ne s'en cache pas de son machisme et il ne s'est pas posé le problème de la sympathie de son personnage. On le refuse ou pas, c'est notre choix, le réalisateur n'en fait pas l'éloge. Sans doute actuellement, le personnage du film serait néanmoins perçu comme un marginal pervers. « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. » Cette citation si célèbre, extraite du film l'Homme qui aimait les Femmes, est déjà à elle-seule un hommage et un hymne à la beauté du beau sexe. Doucement cynique (« Celles qui sont belles de dos et moches de face me donnent une sensation de soulagement, puisque malheureusement il n'est pas question de les avoir toutes ») et obsédé (mais bien humain) par les ondulations des hanches sous les jupes (« Pour moi, rien n'est plus agréable à regarder qu'une femme, pourvu qu'elle soit habillée d'une robe ou d'une jupe qui bouge au rythme de sa marche »), des jambes félines, des silhouettes gracieuses et du bruit des frottements des bas des croisés des jambes, Bertrand Morane, l'alter ego de Truffaut, n'est ni un dragueur, ni un macho, ni une sorte de Don Juan mais un personnage difficile à définir, un amoureux de la beauté des femmes auxquelles il vit à travers. Il cherche peu à se soucier des sentiments d'autrui et ne croit pas en l'amour absolu et ressent pourtant sans cesse le besoin d'être aimé. C'est sa mère qui lui a engendré cette passion pour le beau sexe. On retrouve là, presque la même mère qu'Antoine Doinel dans les 400 Coups et le même rapport mêlant haine et fascination pour sa sensualité (elle défile devant son fils Betrand Morane, en porte-jarretelles). Et même depuis sa tombe, lors de son enterrement, où toutes ces maîtresses sont présentes, il admire pour la dernière fois leurs visages, tous différents, uniques et irremplaçables, et qu'ils aimaient pour la personnalité et le caractère qu'ils dégageaient. A la fois, film de son temps, témoin de l'évolution (Bertrand Morane, bien loin des clichés, représente bien cette époque) des mœurs et avant tout, éloge à la beauté de la femme, réflexion sur les relations hommes et femmes (beaucoup de bavardages), l'Homme qui aimait les Femmes débute sur le ton frais et léger de la comédie pour finalement finir par tomber dans un aspect très sombre. Betrand Morane finit par mourir de sa passion dévorante pour les femmes et leurs belles jambes : et si elles aussi se vengeaient-elles enfin d'avoir été un "objet" ? Morane meurt de ce qui l'avait fait vivre comme ce qui finit par le tuer (la beauté des jambes). L'Homme qui aimait les Femmes est l'histoire d'une passion autodestructrice. Truffaut semble manquer au cinéma français comme... il manque aux femmes ?
Critique écrite par Clémentine le 29 janvier 2007
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