vendredi 3 juin-Le dernier pour la route


Le dernier pour la route

Réalisé par Philippe Godeau 2009
Avec François Cluzet, Mélanie Thierry, Michel Vuillermoz,
 1h47min

César du Meilleur jeune espoir féminin 

Résumé : Hervé, patron d'une agence de presse, décide d'en finir avec l'alcool. Loin de tout et grâce aux autres, il parvient à combattre sa dépendance, en repartant vers une nouvelle vie...


Adapté du roman autobiographique de Hervé Chabalier
Le Dernier pour la route est l'adaptation du roman homonyme de Hervé Chabalier, actuel directeur de l'agence Capa et ancien grand reporter au Nouvel Observateur. Cet ouvrage autobiographique est paru aux éditions Robert Laffont en octobre 2004. " C'est un livre que l'on ressent, qui m'a énormément touché, confie Philippe Godeau. Je l'ai lu comme un roman, très rapidement et, dès le lendemain matin, j'ai appelé pour avoir les droits. Ça m'était déjà arrivé quand j'avais lu " La Mort intime " de Marie de Hennezel. A priori ce ne sont pas des livres évidents à adapter mais pour moi c'était une révélation. "

plus d'infos sur le film : ici
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Commentaires sur la dépendance 
avant et après la séance

Michèle 30 mai 2011
 J'ai calculé : à raison d'une tablette de chocolat par jour à 3 euros, je dépense en moyenne 150 euros par mois pour assouvir ma dépendance. Non, ce n'est pas une blague ! Le chocolat bio et sans une once d'huile de palme coûte assez cher. Et alors, me direz-vous, rien à voir avec l'alcool !!!
Si un peu, quelle stratégie adopter, quelles sont les privations que doivent faire les dépendants pour acheter ce dont ils ont besoin et qui coûte cher. Si on boit une bouteille de vin par jour, si on fume un paquet de clopes par jour ; il faut bien se priver d'autre chose pour les acheter ( je fais exprès abstraction des autres drogues , les illicites). La forme de gêne ; voire honte ; à acheter le stock au magasin que cela peut procurer ? Changer de magasin régulièrement; faire acheter par autrui complice ???
Je pense à un monsieur que je croise chaque matin en allant au travail. Gueule cassée, bouche édentée, homme sans âge mais qu'on devine encore jeune. Sur son vieux vélo qu'il conduit avec maladresse, brinqueballent des bouteilles cachées dans une sacoche solidement attachée au porte-bagage. C'est comme un rite ; je sais l'heure qu'il est en le croisant. Cet homme mal fagoté à l'air triste, je sais, je sens qu'il souffre d'alcoolisme et je me projette le film de sa vie, la descente vers la solitude, la perte d'emploi et la vie tournée uniquement vers l'achat de ses bouteilles dès l'ouverture du magasin ; croyant peut-être échapper au regard d'autrui. J'imagine ses journées à glouglouter, ses réveils pâteux et chaque jour identiques. Tous les matins, nos regards se croisent. Pas un mot . S'il savait que j'ai envie de le serrer dans mes bras; juste pour lui signifier que je pense à lui ; que je ne sais pas ce que c'est d'être alcoolique mais que je compatis et que le jour où je ne le verrai plus, il me manquera ; je serai triste car je penserai qu'il est mort ou à l'hôpital à force de s'être détruit lentement et patiemment.
Alors pour sortir de la dépendance, il faut peut-être commencer à ouvrir le dialogue ; de part et d'autre ? Je ne sais pas....

Monique  
Je ne peux que réagir à ta version "pauvre alcoolo, descente aux enfers..." (avec ton chocolat, tu fais du mal à ton porte-monnaie et à ton foie éventuellement mais c'est tout...) Ton cycliste alcoolo passe peut-être aussi ses soirées à mettre des roustes à sa conjointe et à ses enfants (non, ce n'est pas du Zola...)... Alors, vraiment, est-ce que tu aurais envie de le prendre dans tes bras ????
Si je comprends le principe de la dépendance à n'importe quoi, j'ai parfois du mal quand même à m'apitoyer...

Michèle
C'est vrai que je n'ai pas pensé au fait que cet homme pouvait être un violent envers sa famille ; peut-être tout simplement parce que je pense qu'il est d'abord violent envers lui-même en s'alcoolisant. Certes, cela peut sembler cliché cette description mais elle est le reflet d'une réalité. Une réalité que j'ai côtoyée dans un ancien travail. Je sais aussi que ton scénario n'est pas un cliché et une image "à la Zola". Je pense tout de même qu'il n'est pas nécessaire d'être alcoolique pour taper sa femme et ses gosses; bon nombre d'hommes sont violents sans être des poivrots ; la violence conjugale se niche dans tous les milieux sociaux et je refuse qu'elle soit attribuée au prolétariat et aux mecs qui s'enivrent. Là, c'est un cliché. Il y a des alcooliques très doux avec leurs enfants et leur femme, crois-moi ; infiniment gentils mais simplement malades et désolés d'être malades car l'alcoolisme est aussi une maladie. Alors, tu vois, même si je te choque ; je persiste et signe : même si cet homme tapait sa femme ; je le prendrai dans mes bras ; cela ne m'empêcherait pas de condamner son attitude envers elle et de prendre cette femmes et les enfants dans mes bras aussi.
Pour casser une idée reçue : quand j'intervenais en maison d'arrêt, un jour, avec un rire de diable ; une détenue m'a raconté comment elle avait tué son compagnon ; sous l'emprise de l'alcool en lui donnant 15 coups de couteau de cuisine ... Y'a pas que les femmes qui subissent les violences. Cette femme, je l'ai tout de même serrée très fort dans mes bras ce jour-là. Je n'oublie pas la victime mais je l'ai considérée comme victime aussi ; une fois son parcours dévoilé.
Je suis ainsi, je ne pense jamais noir/blanc ; je pense tout et son contraire mais je ne suis pas grise , Hips !!!
Alain, promis on arrête ! On est hors sujet "cinéma"

Marylène
La dépendance à l'alcool et à la cigarette, je l'ai vécue.... Et j'aurais beaucoup de choses à dire. Il y a le gentil alcoolique, mais aussi le méchant qui le devient encore plus sous l'emprise de l'alcool...mais je n'en dirai pas plus. L'addiction au chocolat fait peut-être du mal au porte-monnaie mais n'a jamais détruit une famille....

Patrick
Heureux de retrouver Nantes, et un bon ciné club

Michèle,
Oops, je crois qu'il y a un malentendu. Je crois que je me suis mal exprimée.
Je ne mets pas en parallèle la dépendance au chocolat ou autres sucreries avec la dépendance à l'alcool ; loin de moi cette idée. J'ai juste eu cette réflexion au sujet du coût financier et des moyens mis en oeuvre pour se procurer l'objet du désir ; le produit dont la personne est dépendante. C'est tout ! Je pense bien sûr chère Marylène que je ne mets personne en danger quand je mange ma tablette ; d'ailleurs c'est un plaisir de la manger ; différence de taille avec un réel dépendant qui oublie le plaisir en avalant ses verres d'alcool. Je note simplement que nous sommes tous fragiles plus ou moins face à des diverses formes de dépendances qui nous pendent au nez. J'y inclue le jeu, le travail, le sexe, l'amour aussi etc. Certaines dépendances mettent le dépendant et la structure familiale en danger, c'est certain. Mais je crois que la dépendance est protéiforme quelle qu'elle soit , pour un même produit ou un même " trouble du comportement". Il n' y a pas d'archétype, ça se saurait... ça servirait à aider à guérir d'ailleurs.
Mais je vais cesser car je ne peux pas être présente au débat et que celui proposé par Alain est au sujet de l'alcool, j'ai passé la barrière
Je vous embrasse tous , je suis une coquine belette qui furète ; c'est plus fort que moi !!

Alain
bienvenu les commentaires bien sûr ! on peut sortir du film et de l'esthétique pour débattre d'un sujet qui nous touche!!! Et revenir après sur le film pour voir quel discours il porte sur le sujet en question. En revanche si nous rentrons dans le débat alors il ne faut pas le laisser à distance et voir de quelle manière nous y sommes impliqués. Dans les commentaires ci-dessus chapeau bas

Michèle
Etre sensible à ce sujet dénote notre sensibilité à la dépendance, c'est reconnaître sa fragilité et avouer que quitte à être dépendant, on fait le nécessaire pour s'adonner à une substance plutôt qu'à une autre.
Se dire accro au chocolat ou au tabac, c'est peut-être dire : je suis une accro et je joue au chat à la souris avec d'autres substances qui pourraient détruire ce que j'ai construit et déstabiliser ceux à qui j'ai donné naissance. J'ai toujours couru après la liberté, j'aurais aimé savoir défier et maîtriser les jouissances de l'ivresse. N'étant pas convaincue de ma capacité à savoir maîtriser totalement, je privilégie une certaine mise à distance. Je suis donc un dépendante en puissance ; je trouve.


Marie  30 Mai 2011 - 23:16:10
Intéressant..tous ces commentaires.... heureuse de partager ce film et d'échanger... " SUR. " la dépendance . ce qui veut dire aussi.. "SOUS." la coupe de...sous la puissance de... sous l'empire de....etc....
           
Claude, (de Turquie ) 31 Mai 2011 
UN peu trop loin pour moi ... je risquerais d'etre en retard à la séance .. qui promet d'être tres tres intéressante. De gros bisous à tout le monde.. Le soleil est enfin revenu en turquie.. Mais nous avons essuyé de gros orages .

Alain 31 Mai 2011
La subversion oui la transgression non!

En ce qui me concerne j'ai une allergie aux dépendants et aux alcooliques qui est viscérale - ce n'est pas un euphémisme il faut le prendre au sens premier d'allergie et de viscéral, dont la réaction m'étonne encore, je ne sais pas d'où elle vient :

un jour je suis tombé malade à vomir en discutant avec une femme qui me parlait de son usage du vin, j'ai dû rentrer chez moi, comme si j'avais une crise de foie.

Mais je sais être compréhensif du fait que chacun a son énigme, et que nous ne sommes pas égaux devant l'alcool à tous les niveaux :

Au niveau physiologique certains humains sont programmés pour l'être s'ils s'adonnent à la boisson, c'est génétique et c'est pas moi qui le dit mais des études scientifiques.

Au niveau sociologique par les culture de l'alcool même si cela frappe un peu tous les milieux.

Et au niveau psy... le rapport à la loi la transgression, le respect de soi.
Certains dépendants souvent sont transgressifs, raison pour laquelle je m'entends peu avec cette catégorie assez répandue : ceux-là semblent s'adonner au produit par la complicité avec d'autres relatif à la contestation d'un ordre social : c'est très réactif et pervers.., au sens où ils amènent l'autre dans leur propre logique qui ne souffre pas de contestation.

la vraie complicité n'est pas pour moi l'alliance de deux ou plusieurs personnes par rapport à un Autre. Mais le jeu que nous entretenons directement l'un par rapport à l'autre.

La subversion oui la transgression : est-ce un mot de désordre qui tient la route ?

Alain 31 Mai 2011 - 14:20:11

illustration cinématographique de "La subversion oui la transgression non "

Dans le film "Wall-e" j'ai adoré que Eve la robote des humains-extraterrestres, finisse par devenir complice du robot nettoyeur plein de terre ( allusion aux burlesques), et qu’ils jouent à eux deux les Bonnie and Clyde du cosmos contre le méchant "Auto" (l'oeil de l’ordinateur de la station orbitale équivalent de Hal 900 de Stanley Kubrick).
Et que la consigne qui la programme, celle de capturer une forme de vie pour la ramèner à son chef, se transforme en une nouvelle consigne - celle que Wall-e invente dans son désir d'elle la consigne de se prendre ou se tenir la main. Cette nouvelle consigne valable d'abord pour eux deux, s'étend par contiguïté à tous les humains : 
 
Tout le film et le rapport des deux personnages est fait de cette "con-signe"; de cette "signalétique" devenue commune "con" = "avec" en latin) : leurs expressions sont des formes minimales au niveau de nos émoticones
 mais en nombre plus grand et variées (les formes des yeux de la robote blanche ; celles des reflets ou de la profondeur optique des yeux de Wall-e ou encore la variété infinie de leurs expressions sonores, ou de leur mouvements intempestifs et inattendus.

Le climax de ce jeu d'échange de signe étant la danse spatiale dans l'espace, qui dessine un tableau aux yeux éblouis des humains bovides rivés sur leur chaise- longues dans le vaisseau. Et en premier lieu Marie et John qui finissent par se prendre involontairement la main, plutôt que de se parler par écrans interposés. (Une allégorie dans le fond d'ovs).

J’ai aimé leurs jeux d’enfants. Des alcooliques peuvent-ils avoir des jeux d’enfants ? Oui sans doute. Et si on repassait "The party" de Blake Edwards – un réalisateur qui sait de quoi il parle ?

La subversion oui la transgression non!

Michèle 31 mai 16h39  

Je sais pour l'avoir lu que génétiquement nous sommes inégaux face à la dépendance. Certains le deviennent plus rapidement que d'autres etc.
L'alcoolisme chez les femmes est encore tabou, il me semble. On dit encore couramment et les femmes plus particulièrement ( curieusement) que " un homme saoul c'est lais mais qu'une femme saoule c'est encore plus laid". Va savoir pourquoi cette idée est répandue, est ce que cela viendrait du fait que la femme est porteuse d'enfants, puis responsable d'eux ? Une femme qui boit est une femme qui se détruit la santé mais se met également hors d'état de s'occuper correctement de sa famille; c'est donc inacceptable.

Pour ce qui est de la transgression, il ne faut pas omettre que transgresser est un mode commun chez l'enfant et plus encore chez l'ado. La transgression en théorie permet de se construire, de prendre mesure des règles et lois et au final; les accepter car comprises puisque testées. ( je schématise bien entendu). Alors, est-ce à dire que les dépendants sont des êtres immatures ?
Il ne faut pas oublier que la prise d'alcool ou de drogues en groupe se fait le plus souvent ados justement, comme un rite de passage. Pourquoi certains en restent à ce système de communion- communication ? Les gènes ou une absence d'évolution mentale ?
S'il n' y avait pas de loi, il n'y aurait pas de transgression, on est bien d'accord. Que dire du bon vieux café à la française où les alcooliques se retrouvent entre frères et soeurs de boisson. Pour quelques heures ils sont ensemble, ils se comprennent, se soutiennent et s'entraident aussi. Liens forts et fragiles à la fois car une fois bourrés, ils sont face à eux-mêmes et même s'ils peuvent supposer que le copain de bistrot pourrait aider à quoi que ce soit : rentrer à la maison, faire les courses etc. Ce n'est pas certains car ils savent qu'eux-mêmes ne sont pas fiables , une fois pris dans le tourbillon de l'ivresse et acceptent que les autres sont pareils.Que dire du fait de se mettre hors la loi et s'en foutre comme d'une guigne des conséquences en sortant du café, prendre la voiture ou se battre dans la rue ou se mettre à poil dans la rue ?  C'est répréhensible mais ils s'en fichent visiblement, ils oublient en tout cas, peut-être qu'ils se croient au dessus? Invincibles ? Alors, cela s'appelle défi.


Alain 03 Juin 2011

Merci à vous tous et toutes, ce fut bel et bon de vous revoir et d'échanger..
et à quand cette soirée sans alccool ?!!

Patrick 03 Juin 2011
Un film moyen, mais qui à le mérite de mettre à plat le problème de l'addiction, la fragilité de "l'humain", car nous ne sommes pas tous égaux devant les drogues !
Malgré le peu d participants, les échanges furent fructueux.
Partant pour une soirée sans alcool
Patrick

Alain 04 Juin 2011
Je me souviendrai longtemps du "chien fumeur".
J'ai aimé ce témoignage de Patrick, chaleureux direct, droit au but d'une expérience de l'arrêt du tabac.Un avantage à double détente c'est d'amener des paroles à partir des images. Mais aussi de créer des images dans les mots.

J'ai aimé dans le film cette phrase qui m'a paru en l'entendant après la simulation avec celui qui incite à faire boire au restaurant son copain : " personne ne peut nous protéger à notre place. Il ne faut pas compter sur les autres pour le faire".

J'ai aimé aussi quand Hervé revient chercher Pierre dans le bar où il vient de rechuter. Et qu'il lui dit ce nom en araméen ou langage moyen-oriental ancien?
C'est mot qui vient pour lui faire autorité.
L'autorité est une drôle de chose. Je ne la comprends pas. Elle est en chacun. Chacun est capable de la soutenir et de l'imposer. Il y aune autorité propre aux être humains - même chez les enfants. Mais aussi une autorité chez les animaux. Le moment où on dit "stop", "non". Cela vient s'imposer du plus profond.


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