Sortie gratuite En video-proj
au restaurant social "Pierre landais",
Un très bon Franju, ami des chiens, qui a fait connaître Edith Scob
Les yeux sans visage
Réalisé par Georges Franju 1959
Avec Pierre Brasseur, Alida Valli, Edith Scob,
Interdit aux moins de 16 ans
Genre : Epouvante-horreur , Drame
Durée : 01h28min
Résumé : Le chirurgien Genessier souhaite remodeler le
visage de sa fille Christiane, rendue méconnaissable suite à un accident de
voiture, mais pour cela il doit effectuer des greffes de peau qu'il aura
prélevée sur des jeunes filles.
Bienvenu pour partager ce moment
et débattre
si on veut d'abord !!
Georges Franju explique son film
Le commentaire de Michèle
J'ai vu ce film quand j'avais une dizaine d'années, il m'a profondément marquée. Longtemps, l'image de Edith Scob et son masque, revenaient devant mes yeux. J'ai sans doute eu peur, mais papa était là. C'est si bon d'avoir peur, se cacher les yeux et se rassurer en pressant le bras de quelqu'un en qui on a confiance et qui dit " c'est pour de faux". Mais si j'ai été marquée c'est aussi par la force poétique du film ; il a sans doute influencé mes goûts futurs. On peut très bien voir des films dont on ne comprend pas tout, on les comprend intuitivement. Et puis il faut penser à l'accompagnement, au dialogue qui suit et qui permet de faire la part des choses, libérer les émotions etc. Et donne envie de voir encore d'autres choses. Les chiens dans les cages, autres images marquantes. Edith Scob pour laquelle je vouais une admiration sans savoir vraiment pourquoi... Et dont le nom est resté gravé, lié à ce film. Bref, j'ai vécu un temps fort et je suis pantoise qu'on ne puisse pas faire confiance en la possibilité d'assimilation des enfants et des ados.
Merci papa ! ce film et il a participé à me faire grandir !!!
Alain :
Le film de Franju va au-delà de la critique de la bourgeoisie. Sur de nombreux points. Sa stylistique proche du documentaire est très forte. La séquence la plus intéressante pour moi passe de façon anodine : Quand on impose des tests et des analyses à la jeune femme dont on souhaite prendre le masque épidermique à la clinique : c'est la métaphore de la façon dont les humains sont pris dans les dispositifs techno-scientifiques, mis en scène de façon très rigoureuse. On se croirait à la médecine du travail. Cette séquence nous dit que l'histoire de Frankenstein créée par Mary Shelley n'est pas un mythe romantique, mais notre condition moderne qui fait de l'humain un être très exactement "fantastique". Que nous en sommes à la fois les agents consentants. Cependant que nous y sommes aussi bien des victimes et des innocents.
Cela s'articule avec le rapport aux animaux dans ce film. Aux chiens. Il n'est pas anodin que Alida Valli, la convoyeuse de chair fraîche porte un "collier de chien". Pas plus que Edith Scob la fille du professeur Genessier porte le nom de Christiane. Franju, quoique athée, a intégré le renversement christique de la parabole fondatrice des trois monothéismes: le sacrifice d’Abraham. Où l'agneau est mis à la place du fils. Jésus prend la place de l'agneau, abolissant le mécanisme du bouc émissaire. Tout simplement en laissant parler ses sentiments. Franju avait fait un documentaire : "Le chien" qui donne à voir déjà dans les année 50 l'abandon des animaux domestiques sur le bord des routes au moment des vacances. Puis il a fait son documentaire "Le sang des bêtes" sur les abattoirs de la Villette : particulièrement corrosif l'air de ne pas y toucher. La scène la plus marquante n'est pas l'abattage en série ou le passage de vie à trépas des bêtes, mais celle où l'on voit un ouvrier sifflotant nettoyer avec un jet d'eau leur sang sur les pavés, en sifflotant l'air de Treinet : la mer le long des golfes clairs a des reflet d'argent, l'air de ne pas y toucher. C'est cette description documentaire vraie qui fait la force de Franju : on peut la regarder sans en comprendre l'aspect satirique. L'aspect satirique provient de l'exactitude de la description. Cependant qu'il s'agit non pas d'un constat mais d'une mise en scène. L'air de Treinet ayant sans doute été rajouté dans la bande son. Le vrai ne provient de l'enregistrement de la réalité. Le vrai est une qualité de l'art. C'est à dire la façon dont nous sommes impliqués dans les choses et dont nous les interprétons. Le vrai dit notre position en tant qu'interprétants.
Enfin il y a ce que les commentateurs notent en premier lieu : une réflexion sur l'identité et l'image. Il est amusant de constater que le visage greffé de Christiane est celui de l'actrice lorsqu'enfin on l'aperçoit pour la première fois. Ce qui rejoue encore le paradoxe du comédien, mais surtout celui de ce que nous sommes en tant qu'humains : n'ayant pas de nature déterminée mais ouverte.
voir aussi nos commentaires très complets relatifs à notre première projection
Georges Franju explique son film
Le commentaire de Michèle
J'ai vu ce film quand j'avais une dizaine d'années, il m'a profondément marquée. Longtemps, l'image de Edith Scob et son masque, revenaient devant mes yeux. J'ai sans doute eu peur, mais papa était là. C'est si bon d'avoir peur, se cacher les yeux et se rassurer en pressant le bras de quelqu'un en qui on a confiance et qui dit " c'est pour de faux". Mais si j'ai été marquée c'est aussi par la force poétique du film ; il a sans doute influencé mes goûts futurs. On peut très bien voir des films dont on ne comprend pas tout, on les comprend intuitivement. Et puis il faut penser à l'accompagnement, au dialogue qui suit et qui permet de faire la part des choses, libérer les émotions etc. Et donne envie de voir encore d'autres choses. Les chiens dans les cages, autres images marquantes. Edith Scob pour laquelle je vouais une admiration sans savoir vraiment pourquoi... Et dont le nom est resté gravé, lié à ce film. Bref, j'ai vécu un temps fort et je suis pantoise qu'on ne puisse pas faire confiance en la possibilité d'assimilation des enfants et des ados.
Merci papa ! ce film et il a participé à me faire grandir !!!
Alain :
Le film de Franju va au-delà de la critique de la bourgeoisie. Sur de nombreux points. Sa stylistique proche du documentaire est très forte. La séquence la plus intéressante pour moi passe de façon anodine : Quand on impose des tests et des analyses à la jeune femme dont on souhaite prendre le masque épidermique à la clinique : c'est la métaphore de la façon dont les humains sont pris dans les dispositifs techno-scientifiques, mis en scène de façon très rigoureuse. On se croirait à la médecine du travail. Cette séquence nous dit que l'histoire de Frankenstein créée par Mary Shelley n'est pas un mythe romantique, mais notre condition moderne qui fait de l'humain un être très exactement "fantastique". Que nous en sommes à la fois les agents consentants. Cependant que nous y sommes aussi bien des victimes et des innocents.
Cela s'articule avec le rapport aux animaux dans ce film. Aux chiens. Il n'est pas anodin que Alida Valli, la convoyeuse de chair fraîche porte un "collier de chien". Pas plus que Edith Scob la fille du professeur Genessier porte le nom de Christiane. Franju, quoique athée, a intégré le renversement christique de la parabole fondatrice des trois monothéismes: le sacrifice d’Abraham. Où l'agneau est mis à la place du fils. Jésus prend la place de l'agneau, abolissant le mécanisme du bouc émissaire. Tout simplement en laissant parler ses sentiments. Franju avait fait un documentaire : "Le chien" qui donne à voir déjà dans les année 50 l'abandon des animaux domestiques sur le bord des routes au moment des vacances. Puis il a fait son documentaire "Le sang des bêtes" sur les abattoirs de la Villette : particulièrement corrosif l'air de ne pas y toucher. La scène la plus marquante n'est pas l'abattage en série ou le passage de vie à trépas des bêtes, mais celle où l'on voit un ouvrier sifflotant nettoyer avec un jet d'eau leur sang sur les pavés, en sifflotant l'air de Treinet : la mer le long des golfes clairs a des reflet d'argent, l'air de ne pas y toucher. C'est cette description documentaire vraie qui fait la force de Franju : on peut la regarder sans en comprendre l'aspect satirique. L'aspect satirique provient de l'exactitude de la description. Cependant qu'il s'agit non pas d'un constat mais d'une mise en scène. L'air de Treinet ayant sans doute été rajouté dans la bande son. Le vrai ne provient de l'enregistrement de la réalité. Le vrai est une qualité de l'art. C'est à dire la façon dont nous sommes impliqués dans les choses et dont nous les interprétons. Le vrai dit notre position en tant qu'interprétants.
Enfin il y a ce que les commentateurs notent en premier lieu : une réflexion sur l'identité et l'image. Il est amusant de constater que le visage greffé de Christiane est celui de l'actrice lorsqu'enfin on l'aperçoit pour la première fois. Ce qui rejoue encore le paradoxe du comédien, mais surtout celui de ce que nous sommes en tant qu'humains : n'ayant pas de nature déterminée mais ouverte.
voir aussi nos commentaires très complets relatifs à notre première projection
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