"Deux ans après" de Agnés Varda vendredi 29 à 13h30


"Deux ans après"
Réalisation Agnès Varda
2002
1h03
Avec Macha Makeïeff, Agnès Varda etc.
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Quant à nous, noble assemblée du restaurant Pierre Landais, comme de nouveaux radicelles fertiles nous nous courberons sur la note d'intention de Agnés Varda pour "Les glaneurs et la glaneuse" ci-dessous en fin de page - histoire de contredire une fois au moins l'un de ses commentaires glané dans le premier film : "Les glaneurs aujourd'hui glanent seuls contrairement aux glaneurs d'hier (remarque profonde). Car les glaneurs que nous sommes ont besoin au contraire de s'y mettre à plusieurs.
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Un véritable film, aussi réjouissant, émouvant et stimulant que le premier :

Inspirée par l'extraordinaire courrier, truffé de messages d'admiration mais aussi d'objets, d'imagination et d'informations, que lui ont valu ses Glaneurs, la cinéaste invente un nouveau patchwork où se croisent les récentes acquisitions du petit musée de la factrice Varda, la rencontre avec quelques-uns de ceux qui lui ont écrit et les retrouvailles avec des protagonistes du long métrage de 2000.

Ces retrouvailles sont en elles-mêmes passionnantes, les changements, heureux ou malheureux, dans la situation des uns et des autres, la possibilité d'enrichir les réflexions suscitées par le film princeps (ainsi la séduisante définition de la psychanalyse comme glanage par le vigneron-analyste Jean Laplanche), la critique du film par certains glaneurs, ou les effets de celui-ci sur la vie des autres font partie des enrichissements offerts par Deux ans après. De toutes les bonnes raisons de réaliser ce film, le désir de rendre aux personnages du premier film un peu de ce qu'ils lui avaient donné, et surtout de souligner que leur vie à eux continue, n'est pas la moindre.

Mais Deux ans après ne se contente pas d'être sagement collé à côté des Glaneurs. L'apparition de la fameuse petite patate en forme de cœur pendant le visionnage du long métrage signale la possibilité de sortir du déroulement du film et de bifurquer vers le même personnage retrouvé deux ans plus tard.

Notre séance huit ans après
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Le film continue à faire des tiges nouvelles comme un rhizome (illustrant ou donnant de la chair, de patate au concept de Deleuze et Guattari). Nous tenterons de mettre en rapport ces deux documentaires, avec ces photos que Agnés Varda propose actuellement à La Fiac (La foire de l'art contemporain à Paris).
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légende du triptique :
"couples brisés"
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Mais encore nous pourrions encore débattre à partir de la note d'intention de Agnés Varda pour "Les glaneurs et la glaneuse" ci-dessous :
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Note d'intention de Agnès Varda pour "Les glaneurs et la glaneuse:
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« Ce film est documentaire par son sujet. Il est né de plusieurs circonstances. D’émotions liées au vu de la précarité, du nouvel usage des petites caméras numériques et du désir de filmer ce que je vois de moi : mes mains qui vieillissent et mes cheveux qui blanchissent.
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Mon amour de la peinture a voulu aussi s’exprimer..
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Tout cela devait se répondre et s’imbriquer dans le film sans trahir le sujet de société que je souhaitais aborder : le gâchis et les déchets... Qui les récupère ? Comment ? Peut-on vivre des restes des autres ? Au départ d’un film, il y a toujours une émotion. Cette fois-ci, celle de voir tant de gens qui vont ramasser ce qui traîne en fin de marchés ou les restes jetés dans les containers des grandes surfaces. Quand on les voit, on veut filmer ces personnes et c’est aussi cela qui ne se peut filmer sans leur accord. Comment témoigner pour eux sans les gêner ?
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D’autre part, au moment des grandes moissons de blé de l’été 99, j’ai vu, à la télévision, un agriculteur perché sur sa moissonneuse-batteuse-lieuse. Il disait que si la machine était mal réglée et si elle laissait un grain par épi, à la fin de la moisson, il perdrait une énorme quantité de blé et une grande somme d’argent. Ce grain de blé resté sur l’épi m’a frappée. J’ai pensé au glanage d’autrefois, coutume rurale qui s’est perdue [et pour cause], et aux peintures représentant des glaneuses.
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J’avais aussi envie de faire un film errant. Chercher des contacts. Faire des rencontres. Comme il n’y a pas de mot français pour dire road-movie, je pourrais dire que j’ai tourné un road-documentary. Disons un documentaire-routard-en-voiture.
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Il fallait traiter le sujet en mode rural [le glanage et le grappillage] et en mode urbain [la récupération] et je m’autorisais des digressions variées avec un point d’accroche au sujet. Sont donc entrés dans le film un viticulteur descendant de l’extraordinaire inventeur Etienne Jules Marey, le propriétaire d’un vignoble de grand cru qui est aussi psychanalyste, un cours du soir d’alphabétisation, les confidences d’un cafetier et de sa bistroquette...
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Je voulais glaner des images comme on prend des notes. Me permettre de montrer un drôle de chien aperçu en passant [veut-il boxer ?]. Ou le débordement du Dard. Ou m’arrêter longuement sur une peinture de Van der Weyden. Observer les couples. Et toujours revenir aux glaneurs et glaneuses, les mettre en confiance, les écouter, dialoguer avec eux plutôt que seulement poser des questions. Et les filmer.
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Mes intentions ne se sont précisées qu’en cours de tournage et de montage. Peu à peu, je trouvais le dosage entre les auto-séquences - la glaneuse qui d’une main filme son autre main ou le contenu de sa valise - et les séquences sur ceux dont la situation et le comportement m’avaient impressionnée. J’avais réussi à les approcher, à les faire sortir de l’anonymat. Je les découvrais généreux. Il y a beaucoup de façons d’être pauvre, d’avoir du bon sens, de la colère ou de l’humour. Ceux que j’ai filmés nous apprennent beaucoup sur notre société et sur nous-mêmes. Moi aussi j’ai appris beaucoup en tournant ce film. Cela m’a confirmé que le documentaire est une école de modestie. ».
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fiche technique du film "deux ans après" :
Directeur photo Stéphane Krausz, Agnès Varda
Son Agnès Varda -
Musique Georges Delerue, Joanna Bruzdowicz, Isabelle Olivier, François Wertheimer -
Montage Agnès Varda, assistée de Laure-Alice Hervé, Jean-Baptiste Morin, Laurent Pineau - Montage son et mixage Christophe Baudin -
Production Agnès Varda - Production Ciné Tamaris, Canal+, C.N.D.P., CNC
Diffusé sur Canal +

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