"Les Glaneurs et la glaneuse" le vendredi 22 octobre - // et " Deux après" le lundi 25 octobre à 13h en présence de Agnés Varda



Vendredi 22 Octobre à 13h30
pour préparer la rencontre nous projetterons la première partie du documentaire "Les glaneurs et la glaneuse". Suivi d'un débat.

le lundi 25 octobre à 13h
Agnés Varda sera présente parmi nous.
Nous projetterons "Deux après "la suite de "Les glaneurs et la glaneuse", que madame Varda nous a apporté. Dans lequel elle revient sur des personnages et en ajoute d'autres.


C'est sous l'idée de Yvon un usager du restaurant social - que Varda a filmé dans la deuxième partie de son film les glaneurs et la glaneuse - que André Lebot le directeur de Pierre landais a contacté Varda. Qui a accepté de venir débattre avec nous.


Note d'intention de Agnès Varda :

« Ce film est documentaire par son sujet. Il est né de plusieurs circonstances. D’émotions liées au vu de la précarité, du nouvel usage des petites caméras numériques et du désir de filmer ce que je vois de moi : mes mains qui vieillissent et mes cheveux qui blanchissent. Mon amour de la peinture a voulu aussi s’exprimer.
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Tout cela devait se répondre et s’imbriquer dans le film sans trahir le sujet de société que je souhaitais aborder : le gâchis et les déchets... Qui les récupère ? Comment ? Peut-on vivre des restes des autres ? Au départ d’un film, il y a toujours une émotion. Cette fois-ci, celle de voir tant de gens qui vont ramasser ce qui traîne en fin de marchés ou les restes jetés dans les containers des grandes surfaces. Quand on les voit, on veut filmer ces personnes et c’est aussi cela qui ne se peut filmer sans leur accord. Comment témoigner pour eux sans les gêner ?
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D’autre part, au moment des grandes moissons de blé de l’été 99, j’ai vu, à la télévision, un agriculteur perché sur sa moissonneuse-batteuse-lieuse. Il disait que si la machine était mal réglée et si elle laissait un grain par épi, à la fin de la moisson, il perdrait une énorme quantité de blé et une grande somme d’argent. Ce grain de blé resté sur l’épi m’a frappée. J’ai pensé au glanage d’autrefois, coutume rurale qui s’est perdue [et pour cause], et aux peintures représentant des glaneuses.
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J’avais aussi envie de faire un film errant. Chercher des contacts. Faire des rencontres. Comme il n’y a pas de mot français pour dire road-movie, je pourrais dire que j’ai tourné un road-documentary. Disons un documentaire-routard-en-voiture. Il fallait traiter le sujet en mode rural [le glanage et le grappillage] et en mode urbain [la récupération] et je m’autorisais des digressions variées avec un point d’accroche au sujet. Sont donc entrés dans le film un viticulteur descendant de l’extraordinaire inventeur Etienne Jules Marey, le propriétaire d’un vignoble de grand cru qui est aussi psychanalyste, un cours du soir d’alphabétisation, les confidences d’un cafetier et de sa bistroquette...
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Je voulais glaner des images comme on prend des notes. Me permettre de montrer un drôle de chien aperçu en passant [veut-il boxer ?]. Ou le débordement du Dard. Ou m’arrêter longuement sur une peinture de Van der Weyden. Observer les couples. Et toujours revenir aux glaneurs et glaneuses, les mettre en confiance, les écouter, dialoguer avec eux plutôt que seulement poser des questions. Et les filmer.
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Mes intentions ne se sont précisées qu’en cours de tournage et de montage. Peu à peu, je trouvais le dosage entre les auto-séquences - la glaneuse qui d’une main filme son autre main ou le contenu de sa valise - et les séquences sur ceux dont la situation et le comportement m’avaient impressionnée. J’avais réussi à les approcher, à les faire sortir de l’anonymat. Je les découvrais généreux. Il y a beaucoup de façons d’être pauvre, d’avoir du bon sens, de la colère ou de l’humour. Ceux que j’ai filmés nous apprennent beaucoup sur notre société et sur nous-mêmes. Moi aussi j’ai appris beaucoup en tournant ce film. Cela m’a confirmé que le documentaire est une école de modestie. ».
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